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Article paru le 25 mai 2010 dans l'Humanité


L’invité de la semaine

Gilles Raveaud, maître de conférences en économie, institut d’etudes européennes, université paris-VIII, saint-denis


La retraite à 60 ans n’est pas un dogme, mais une nécessité

Dans le débat concernant le financement des retraites, un point a émergé : faut-il repousser l’âge légal de départ à la retraite, fixé à 60 ans depuis 1981 ? Pour certains, le vieillissement rendrait inévitable de repousser cet âge. Pour d’autres, conserver cet âge est hypocrite, puisque, avec un âge moyen d’entrée des jeunes sur le marché du travail de 23 ans et une durée de cotisation désormais établie à 41 ans, l’âge moyen de départ à la retraite a d’ores et déjà été repoussé dans les faits à plus de 64 ans.

Ces critiques oublient que l’âge légal de départ à la retraite n’impose à personne de cesser de travailler lorsqu’il ou elle a 60 ans. Son principe est inverse : l’âge légal autorise ceux qui n’ont pas cotisé suffisamment longtemps à cesser de travailler, et à bénéficier malgré tout d’une pension de retraite, certes réduite. Cette garantie de départ à 60 ans est essentielle pour toutes celles et tous ceux qui sont fatigués, usés, malades à cause de leur dure carrière professionnelle. En effet, selon l’Organisation mondiale de la santé, l’espérance de vie en bonne santé est de seulement 72 ans en France (69 ans pour les hommes, 75 ans pour les femmes).

De plus, ce débat masque une injustice fondamentale de notre système dans lequel, plus on a travaillé tôt… plus on doit cotiser longtemps ! Le seul point positif de la loi Fillon 2003 est d’avoir réduit cette inégalité. Mais en partie seulement : les personnes ayant commencé à travailler très jeunes doivent cotiser plus d’une année supplémentaire avant d’avoir le droit de partir à la retraite. Il faut donc maintenir la possibilité pour tous de partir à 60 ans, mais aussi faire cesser cette injustice. Pour cela, il convient d’ajuster les durées de cotisation par métier, pour permettre aux caissières, aux ouvriers, aux chauffeurs livreurs, etc., de travailler moins, et de demander aux médecins, aux professeurs d’université et… aux banquiers de cotiser plus longtemps.

Tag(s) : #Retraites
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