Libye : La guerre de l’Otan est de plus en plus contestée

«Comment ne pas s’interroger sur une intervention militaire initialement légitime, sous l’égide de l’ONU, pour neutraliser le ciel libyen et protéger les populations civiles de Benghazi, et constater qu’elle a perdu ensuite sa neutralité et de sa raison originelle ? » C’est la question qu’ont posée les quatre anciens députés européens (trois Français, Thierry Cornillet, centre droit, Margie Sudre, UMP, ex-ministre, et Michel Scarbonchi, ex-PRG, centre gauche, et un Britannique, John Corrie, conservateur) à leur retour de Tripoli où ils ont eu début août des contacts avec des responsables du régime de Muammar ­Kadhafi. Il est vrai que, concernant la protection des civils, l’Otan n’en est pas à sa première bavure. La plus récente pourrait remonter à peu si le décès de 85 civils lors d’un raid aérien sur le village de Majer, lundi dernier, est avéré. Quant à la perte de sa raison originelle, on n’exagère pas en affirmant que l’intervention militaire a tendance à s’écarter du droit chemin, au regard, entre autres, du bombardement du siège de la télévision libyenne à Tripoli, sous prétexte de «réduire le colonel Kadhafi au silence». Elle avait fait au passage 3 mort et 15 blessés parmi les journalistes libyens, le 30 juillet.

L’Otan a sous-estimé le poids réel, politique et militaire de Muammar Kadhafi et surestimé le Conseil national de transition (CNT), censé représenter et diffuser la révolte au-delà de la région de Benghazi, tel est le constat des quatre hommes. Ils préconisent la tenue à Paris d’un dialogue interlibyen réunissant les représentants du CNT, de l’UE, de l’Otan et des autorités de Tripoli. Il s’agirait effectivement de substituer au soutien militaire à une rébellion aux structures instables des négociations sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine. Ils encouragent de plus les efforts de médiation de l’UA dans cette crise.

Depuis le début de la guerre lancée par l’Alliance atlantique, l’avancée des rebelles libyens s’est montrée lente et laborieuse. Les acteurs de l’insurrection en sont maintenant à reconnaître qu’ils ont peu de chance de renverser Kadhafi. Espérant une sorte de victoire par forfait, ils comptent énormément sur des défections au sein du camp du guide.

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