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Plaidoyer pour un monde multipolaire
Humanité Quotidien
20 Octobre, 2011
Agora
Johannesburg, envoyée spéciale.
Les 7, 8 et 9 octobre dernier, à l’initiative du Parti communiste sud-africain et du réseau Correspondances internationales, s’est
tenu à Johannesburg un séminaire consacré aux formes et stratégies contemporaines de l’impérialisme. Alors que le capitalisme traverse une crise systémique durable, intellectuels,
responsables politiques, animateurs de revues ont analysé la « fuite en avant » des grandes puissances occidentales avant d’évaluer les potentialités contradictoires d’émergence d’un
monde multipolaire. Le dirigeant communiste britannique Rob Griffiths a ainsi insisté sur le lien entre les nouvelles visées impérialistes et la crise globale du capitalisme, qui se
déploie tout à la fois dans les champs de l’économie, de l’environnement, du social, de la participation démocratique. il faut, a-t-il insisté, « aller au-delà des résistances aux
programmes d’austérité, pour exiger que de nouvelles règles régissent le système bancaire ».
L’aventure libyenne, très critiquée par les forces progressistes du continent, et par le gouvernement sud-africain en particulier, a bien sûr plané
sur les travaux de ce séminaire. Plusieurs intervenants sont revenus sur l’antienne ambiguë de la « responsabilité de protéger », justification toute trouvée aux bombardements de l’Otan.
« Tout est bon pour consolider le contrôle économique, politique et militaire du globe », a regretté Chris Matlhako, responsable international du SACP, en appelant à une
« démilitarisation des relations internationales » qui doit passer, selon lui, par la « dissolution de l’Otan », condition de l’avancée vers « un monde multipolaire, juste et cohérent ».
De nombreux autres orateurs, Européens ou Africains, ont jugé que les récentes démonstrations d’agressivité des puissances impérialistes étaient autant de symptômes d’une crise attisée
par la montée en puissance de la Chine et par le poids nouveau, sur la scène économique mondiale, de l’axe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Pour l’Américaine
Danielle Follett, l’impérialisme américain est même entré « dans un processus de déclin » dont témoigne « l’incapacité des États-Unis à sécuriser leurs propres colonies, comme
l’Afghanistan », théâtre d’une défaite militaire qui ne dit pas son nom. « L’envolée de la dette, ces dernières années, s’explique en partie par le financement d’expéditions
impérialistes, dans un pays devenu dépendant du commerce des armes et de l’industrie de la guerre », a-t-elle expliqué. L’ère Obama, de ce point de vue, n’a pas marqué de rupture avec les
pratiques obscures des années Bush, a insisté Danielle Follett. Les BRICS peuvent-ils constituer, à l’avenir, un contrepoids à la volonté européenne et états-unienne de mainmise sur le
monde ? Le Brésilien Umberto Martins, de la revue progressiste Vermelho, et l’Italien Francesco Maringio, de la revue Marx ventuno, ont disséqué les contradictions d’une alliance
économique qui n’a pas encore acquis de dimension politique à proprement parler. Reste que l’émergence d’un pôle nouveau au Sud bouscule les règles du jeu mondial et fissure, de fait,
l’hégémonie des puissances du Nord.
Rosa Moussaoui