Chine-Japon : la stratégie de la tension
Rédaction Web
6 Février, 2013
Une frégate chinoise aurait visé un bâtiment nippon, la semaine dernière au large des îles contestées Senkaku-Diaoyu, en mer de Chine méridionale.
Depuis plusieurs semaines, les postures guerrières se multiplient.
Entre démonstrations de force et posture nationaliste, la Chine et le Japon [1]n’en finissent plus de multiplier les démarches guerrières au large des îles contestées de mer de Chine méridionale. Mardi, le ministre japonais de la Défense
affirmait qu’une frégate chinoise aurait visé un bâtiment de la marine nippone à l’aide d’un radar de contrôle de tir afin de l’immobiliser. Selon Itsunori Onodera, un hélicoptère
militaire aurait subi le même sort. « Se servir de ce type de radar est tout à fait anormal, a-t-il commenté, et cela pourrait créer une situation très
dangereuse à la moindre erreur ». L’ambassadeur chinois à Tokyo a par ailleurs été convoqué au ministère des Affaires Etrangères afin de s’expliquer après l’incursion
de bateaux gouvernementaux chinois autour des îles Senkaku-Diaoyu, inhabitées mais nationalisées par Tokyo [2] en septembre.
Face aux récurrentes irruptions de navires ou d’avions chinois, le Japon a annoncé qu’il constituerait une force spéciale de 600 hommes et 12 navires dans le but de surveiller les
îles.
Fortement dépendantes, les deux premières économies d’Asie ne peuvent pourtant se permettre de voir le conflit autour de ce chapelet d’îles dégénérer malgré
leur potentiel en hydrocarbure, la réserve de pêche et la voie maritime essentielle qu’elles constituent. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères, Hua Chuning,
assurait que les deux pays devaient « surmonter les difficultés » et « éliminer les perturbations ». En ne se privant toutefois pas de rappeler que son voisin devait
regarder « son histoire et la réalité en face » en référence au passé expansionniste du Japon qui mena au désastre à l’aube de la Seconde guerre
mondiale.
Ce nouvel incident intervient au moment où Shinzo Abe [4], le nouveau premier ministre conservateur japonais, considéré comme un faucon, multiplie les
déclarations provocatrices à l’égard de la révision de la Constitution pacifique et de l’augmentation des budgets militaires. « Les provocations se poursuivent à l’encontre des
terres, eaux et airs appartenant à notre pays, ainsi que vis-à-vis de sa souveraineté », a –t-il déclaré, samedi. Avant de poursuivre sur un ton martial : « je suis
déterminé à rester en première ligne devant vous tous et à affronter la crise qui est là, pour protéger à tout prix la vie de nos populations et des biens ainsi que les terres, l’espace
aérien et les eaux territoriales de notre pays ». Si Shinzo Abe dépeint un Japon menacé, la Chine [5]n’est pas en reste. Le journal chinois, Global Times, assurait récemment qu’un « dérapage militaire est maintenant plus que
probable. Il faut nous préparer au pire ».
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Mer de Chine : Washington prend parti pour le Japon
[6]"Ces îles appartiennent à la Chine" [7]. Une tribune de Song Tao, Vice-Ministre chinois des Affaires étrangères
Chine : regain de tensions nationalistes autour des îles [2]
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Lina Sankari