Reculer l’âge de la retraite : est-ce inéluctable ?

« Pourquoi on vous fait sortir de l’entreprise d’office à 65 ans ? Vous êtes encore jeune, vous avez un crédit à rembourser, des enfants qui font des études, vous voulez continuer, et on vous dit : vous sortez ! » Habillé de bonnes intentions par le ministre du Travail Xavier Bertrand, un nouveau seuil est introduit au-delà de ceux de 60 et 65 ans qui fixaient l’âge donnant le droit à la retraite et celui donnant droit au taux plein. Tandis que le plein-emploi est loin d’être atteint, et encore moins dans la tranche d’âge de 54 à 60 ans, première victime des plans de licenciements, tandis que s’accumulent les marques sur la santé des salariés, y compris les cadres, de conditions de travail dégradées, cet empressement du gouvernement à repousser les limites actuelles suscite l’inquiétude. Cette nouvelle mesure ne vise-t-elle pas à préparer le terrain pour un allongement de la durée de cotisation ? N’aurat- elle pas, comme les précédentes réformes de 1993 et de 2003, pour effet principal la baisse du niveau des pensions ? C’est ce que semblent penser une majorité de Français. Dans un sondage CSA pour le Parisien, ils estiment que cette décision est plutôt « une mauvaise chose parce que cela entraînera à terme la remise en cause de l’âge de départ à la retraite. » À gauche, PCF, PS et Verts ont vivement réagi. Dans ces pages nous donnons la parole au député (UMP) à l’origine de cette proposition de modification de la loi. Des spécialistes de la question des retraites, chercheurs ou syndicalistes, ainsi que la présidente de l’assurance retraite de la Sécurité sociale (CNAV), donnent leur point de vue et soulignent les contradictions et les risques qu’ils y voient. Mais, sur le terrain, l’inquiétude n’a pas tardé à se transformer en colère : ce week-end, les pilotes d’Air-France-KLM sont en grève contre la déclinaison de cet amendement pour leur profession, avec le passage de la cessation d’activité en vol de 60 à 65 ans.

J. S.