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Projet de réforme du lycée :

Les trois sciences disent trois fois non !


Appel pour un Front des Sciences

dans l'intérêt des Lycéens

 

 

Les professeurs de Physique-chimie, Sciences économiques et sociales, et Sciences de la vie et de la terre, à travers leurs associations représentatives – dans l'ordre des disciplines citées: l'UDPPC, l'APSES et l'APBG -, dénoncent le contenu de la réforme du lycée (d'après les informations précises dont ils disposent), préparée par le ministre Xavier Darcos et confiée au recteur Jean-Paul de Gaudemar, ainsi que la procédure suivie pour cette réforme.

 

NON à des enseignements communs privés de sciences

 

Dans la future architecture de la classe de seconde envisagée dans le projet de réforme, et devant être mise en place dès septembre 2009, les mathématiques sont la seule discipline scientifique qui demeure parmi les enseignements dits fondamentaux – dispensés à tous les élèves - alors qu'il s'agit d'une classe de « détermination ».

 

Comment justifier au plan pédagogique cette mise à l'écart des sciences, des savoirs et savoirs-faire qu'elles transmettent aux élèves, à une époque où la culture scientifique et la maîtrise de la démarche expérimentale est tellement importante, autant en vue de l'orientation des élèves après le bac (il faut former suffisamment de scientifiques, et donc donner le goût des sciences aux lycéens) que du point de vue civique (nous devons former des citoyens éclairés comprenant les informations scientifiques très nombreuses dans les médias, sur des enjeux essentiels, tels que le développement durable ou la sécurité sanitaire) ?

 

Précisions : Dans le projet qui est présenté, 60 % de lhoraire élève (de 27h au total) correspond aux enseignements « fondamentaux » : français, mathématiques, langue I, langue 2, EPS, histoire-géographie (peut-être scindée en deux), sous forme de 11 modules semestriels de 3h. Il sy ajoute 25 % denseignements « dexploration» avec 4 modules semestriels de 3 h à choisir dans un panel de divers modules, avec par exemple : physique, chimie, biologie, économie, sociologie, ISI, SMS, IGC, LV3, histoire des arts, auxquels peuvent sajouter des modules complémentaires des enseignements fondamentaux. Les 15 % restants correspondent à 3 modules « d'approfondissement » qui constituent un accompagnement de lélève (méthodes de travail...).

 

 

NON à la précipitation et à l'opacité de la réforme

 

En voulant appliquer sa réforme en seconde dès septembre 2009, et en refusant tout report, M. Darcos a explicitement indiqué qu'il souhaitait pas une réelle concertation, ni une réflexion approfondie sur les enjeux pédagogiques et institutionnels de cette réforme.

 

Pire, le calendrier est tellement serré que les « groupes d'experts », composés d'universitaires et d'enseignants du secondaire, qui sont naturellement réunis lors des changements de programmes scolaires, ne semblent pas être prévus cette fois-ci : est-ce à dire que les programmes eux-mêmes seront bientôt bouclés, ou le sont peut-être déjà ? Dans ce cas, quels lobbies les ont rédigés, selon quelles procédures?

 

NON au dépeçage des disciplines

 

Tous les enseignements, qu'ils soient fondamentaux (obligatoires pour tous) ou d'exploration (au choix, selon le profil visé par l'élève) se présenteraient sous forme de modules semestriels, aux contenus forcément très restreints. Il s’agirait d’une disparition pure et simple des disciplines scientifiques au lycée, qui associent plusieurs sciences afin de croiser leurs approches (physique et chimie, biologie et géologie, économie et sociologie), afin de permettre une meilleure compréhension par les élèves de la réalité complexe qu'elles étudient : la matière, la nature, la société.

 

Les motivations de la réforme sont à l'évidence bien davantage budgétaires que pédagogiques. Le ministre a déclaré plusieurs fois dans les médias que cette réforme représentait la contribution de l'Education nationale à la réduction des dépenses publiques engagée par le gouvernement (dans son vaste plan de Révision Générale des Politiques Publiques). L'éclatement des disciplines permettrait de rendre l'organisation du lycée flexible à l'extrême : les professeurs seraient incités à être de plus en plus polyvalents, quitte à sortir des domaines qu'ils maîtrisent, afin de remplir leurs services ; les disciplines pourraient se trouver en concurrence pour l'obtention de ces modules très spécifiques (les sciences économiques et sociales et l'économie-gestion pouvant se partager des modules d'économie, ou la physique-chimie et les SVT se disputant des modules de biochimie...)

 

Avec ces modules semestriels, non seulement les disciplines seraient dénaturées, les équipes pédagogiques éclatées (car comment se concerter et mettre en oeuvre des projets dans ces conditions ?), et les emplois du temps sans doute ingérables, mais la relation aux élèves serait profondément altérée : l'enseignement scientifique a besoin de temps afin de transmettre progressivement et en profondeur un langage, des méthodes, une vision globale des sciences aux élèves. Les professeurs de sciences ne veulent pas devenir des formateurs en concurrence permanente avec leurs collègues de la même discipline et peut-être d'autres disciplines, et « vendant » pendant quelques mois des « modules » spécifiques à des élèves-consommateurs, dans un lycée-supermarché de la connaissance. 

 

Les professeurs des trois sciences du lycée signataires de cet appel refusent cette réforme précipitée et porteuse de multiples effets pervers aux plans pédagogique et institutionnel. Ils  s'opposent à la marginalisation et à la dénaturation de leurs disciplines, et demandent qu'une réelle réflexion soit engagée pendant un délai suffisant, en associant tous les partenaires de la communauté éducative : universitaires, parents d'élèves, chefs d'établissements, et bien sûr, professeurs de lycée. 

 

Les associations ci-dessous vous invitent à signer et à diffuser cet appel :

 

APBG (Association des Professeurs de Biologie et Géologie)

 

APSES (Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales)

 

UDPPC (Union des Professeurs de Physique-Chimie)

Tag(s) : #Education
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