De la dérive autoritaire à la crise politique ?
Entre les militaires et le président de la République, chef des armées, un climat de défiance s’installe. Un bras de fer s’engage entre Nicolas Sarkozy et le patron de France-Télévisions, Patrice de Carolis. Sans parler des personnels des chaînes publiques. En plein été, le chef de l’État prépare un coup de force contre la législation sur la durée du travail et les 35 heures. Les syndicats évidemment s’en offusquent et cherchent à mobiliser. Mais le MEDEF et Laurence Parisot elle-même s’en inquiètent.
Après tant de mesures sécuritaires, on prépare maintenant le fichage des enfants de treize ans. Après avoir refusé le vote majoritaire des Français contre la constitution libérale de l’Europe, Nicolas Sarkozy saute à pieds joints par-dessus le vote irlandais contre son traité de Lisbonne. Il joue les matamores contre la Banque centrale européenne, brandit un sabre de bois contre le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, avant de se coucher devant toutes les directives libérales. Le HCR de lest préoccupé par le durcissement de la politique d’immigration de l’Union européenne sous présidence sarkozyenne. La réforme des institutions prétend présidentialiser encore davantage un régime qui n’avait guère besoin de ça pour prendre un caractère personnel.
La volonté affichée de Nicolas Sarkozy se fait brutalité. Certes il parvient, par défaut d’alternative, à faire passer en force
l’essentiel de ses contre-réformes. Mais entre lui et l’opinion publique, le divorce est désormais profond et durable. Et aujourd’hui, ce sont les principales institutions du pays elles-mêmes
qui marquent leur défiance. Alors dérive autoritaire ? Elle est flagrante. Mais ce divorce qui se généralise n’annonce-t-il pas une véritable crise politique ?
Olivier Mayer