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- Article paru le 9 novembre 2007 dans l'Humanité

Monde

Sarkozy, le meilleur à la Cour

États-Unis . Bush applaudit le président français dont le numéro de charme fait oublier la désastreuse guerre en Irak.

Le sénateur républicain Mitch McConnell, emporté par le discours de Nicolas Sarkozy qu’il venait d’entendre au Congrès, a eu un jugement d’expert : « Vous venez d’entendre un discours de Ronald Reagan de la part d’un président français. » Un chef d’État américain qui n’a pas laissé dans l’histoire une marque de progrès, c’est le moins qu’on puisse en dire. Certes les envolées lyriques sur « l’Amérique que j’aime » étaient destinées à séduire les deux partis. Et ce fut réussi. La compassion pour les soldats américains qui tomberaient en Irak pour une cause qui aurait quelque chose de semblable avec ceux qui ont combattu le nazisme est particulièrement déplacée. Mais elle n’a pas choqué l’élan de « patriotisme » qui a accepté la guerre sur un énorme mensonge, lequel n’a pas fait l’objet d’un remords quelconque. Nicolas Sarkozy, tout à la jouissance de son intervention dans un lieu aussi symbolique, a repris à son compte la mythologie du « rêve américain », passant du show-business hollywodien au business tout court. Il donnait là le fond de sa pensée sur l’idéologie qui inspire ses réformes. Tout est possible dans l’Amérique modèle de la compétitivité, de la réussite au mérite, de la libre entreprise. Réserve faite à propos des spéculateurs, inévitable allusion à la crise des crédits hypothécaires qui continuait jeudi matin à faire les unes de la presse américaine où le ralliement atlantiste sarkozien n’avait pas une place à la mesure de son exaltation.

Il voulait être le meilleur à la Cour au moment où les plus fidèles alliés, Blair et Aznar, en ont été éloignés par des électeurs sourcilleux d’indépendance. Nicolas Sarkozy a signé un nouvel engagement dans l’OTAN et promis que les soldats français resteraient en Afghanistan aussi longtemps qu’il faudra. Un pas en arrière de plus… Ajouté à sa « détermination » à l’égard de l’Iran, il ne pouvait que recevoir les compliments de George Bush.

Le voilà engagé dans le « combat contre le terrorisme ». Il en faudra plus pour sauver le soldat Bush et son image désastreuse. Karen Hugues, qui était chargée de la changer, après avoir démissionné, vient de reconnaître, dans une interview au Financial Times, qu’il s’agit d’une mission impossible. Chaque fois qu’elle tentait de convaincre des bonnes intentions de l’Amérique, elle entendait, Irak l’occupation, Abou Graib, la torture et la Palestine, dont le règlement est la clé, dit-elle, d’une meilleure compréhension.

Autant de sujets absents d’un véritable discours d’amitié envers le peuple américain.

Jacques Coubard

Tag(s) : #Relations internationales
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