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Suicide d’un cadre de La Poste à Orléans

Vendredi 2 août 2013

Sa famille et SUD PTT pointent les conditions de travail et le harcèlement dont il était victime.

Cet ingénieur à l’université de La Poste d’Orléans avait cinquante-six ans et se prénommait François. Lundi dernier, on l’a retrouvé pendu à son domicile. « Sa veuve incrimine clairement son employeur », explique Gaëlle Differ, secrétaire fédérale de SUD PTT, syndicat auquel François venait d’adhérer. « Il se plaignait souvent de ses conditions de travail et ne voulait plus s’y rendre », rapporte-t-elle. Aussitôt ce nouveau suicide connu, le syndicat a exigé que se tienne un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire. « La direction a programmé un comité pour la semaine du 26 août alors que, par égard pour la famille et malgré les congés, il aurait fallu réagir le plus tôt possible », explique Didier Ares, du syndicat SUD PTT. C’est à lui que s’est confié François avant de passer à l’acte. « Il m’a appelé peu de temps avant de partir en vacances pour me faire part de ses difficultés au travail. Il se sentait harcelé et se savait espionné. » Didier Ares, qui se dit « complètement retourné », en veut à la direction de La Poste : « À chaque fois qu’on essaye d’avancer sur des risques psychosociaux, on sent un blocage. Et quand on lance une alerte, on se retrouve accusé. » Son syndicat demande une expertise indépendante afin de comprendre l’acte de François, mais aussi de protéger ses collègues d’un éventuel danger.

Pour Dominique Lebrun, facteur à Orléans, ces actes désespérés se nourrissent d’un climat professionnel devenu irrespirable. « On nous demande de plus en plus de tâches pour lesquelles nous sommes surveillés en permanence. Dans mon seul service où nous sommes huit, il y a cinq caméras. Les postiers ont besoin de confiance et de considération. » Un sentiment que partage son collègue Marc Lavaud, postier syndiqué à SUD PTT. « Le métier s’est durci à cause d’une pression trop forte. Il n’y a jamais eu autant d’arrêts maladie, ni de troubles musculo-squelettiques. » Le militant évoque une postière retrouvée dans les toilettes d’une unité « après avoir avalé une boîte de Lexomil ». « Il y a un harcèlement pour que tu vendes plus et des pressions pour que tu remplaces ton collègue absent. Tout ça avec un salaire qui oscille entre le Smic et 1 500 euros en fin de carrière. »

Contactée par l’Humanité, la direction de La Poste n’a pas souhaité donner suite.

Joseph Korda
URL source: http://www.humanite.fr/social-eco/suicide-d-un-cadre-de-la-poste-orleans-546853
Tag(s) : #Société
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