Unilever : 182 emplois sacrifiés sur l’autel des profits
Article paru dans La Marseillaise du mercredi 29 septembre 2010 |
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Social. La direction d’Unilever a annoncé hier la fermeture de son usine de thé de Fralib à Gémenos. Les salariés engagent la riposte.
Consternation chez les salariés de Fralib. La direction a annoncé hier son intention de fermer le site de production de Gémenos en
début d’année prochaine. 182 emplois sont menacés.
La mauvaise nouvelle est tombée au cours d’un CE extraordinaire réuni dans l’usine de Gémenos. Une réunion dont l’ordre du jour
était « un plan pour l’avenir du site »… Sans commentaires…
Dans un communiqué (publié avant la fin de la réunion), la direction parle d'une « réorganisation industrielle » visant à « répondre
aux difficultés structurelles d'Unilever sur le marché du thé et des infusions en Europe de l'Ouest ». Quant à l’entreprise de Gémenos, la direction indique qu'elle « représente à elle seule 27%
des coûts pour 5,1% des volumes de production européens ». Et de se dire « contraint(e) d’envisager l’arrêt des activités de Fralib à Gémenos ».
« Un acte prémédité » selon les salariés
Du côté des salariés, on parle « d’acte prémédité ». En effet, « jeudi dernier, on devait avoir une réunion sur la situation
salariale » explique un employé. « Ils ont annulé la réunion la veille pour nous donner rendez-vous ce mardi. Quel rendez-vous ! »
Tout de suite réunis en assemblée générale, les salariés ont décidé de refuser l’inacceptable. « Leurs arguments ne sont que des
prétextes » affirme Gérard Cazorla, secrétaire (CGT) du CE. « Ce n’est pas une décision économique, mais bien politique. » Les salariés engagent le combat sur divers fronts. « On étudiera les
arguments économiques et on démontrera que le site est viable. »
Face aux salariés abasourdis mais mobilisés, l’élu syndical a proposé de « mener la bataille pour l’emploi, pour éviter la fermeture
et continuer l’activité à Gémenos. » D’où son appel « à rester calmes et sereins pour bien prendre le temps de la réflexion sur nos actions à mener. Ils feront tout pour nous provoquer, ne
répondons pas. »
« Le thé Eléphant ne se tirera pas de Provence »
Admettant que « la situation est difficile », Gérard Cazorla assure que les salariés feront « front tout simplement parce que cette
usine nous appartient. Ils n’arriveront pas à nous marcher sur la tronche ! »
La riposte tient aussi au fait que « le thé Eléphant est présent dans la région depuis 118 ans » rappelle Olivier Leberquier,
délégué syndical (CGT). « L’éléphant ne se tirera pas de Provence ! On va le défendre. L’outil de travail est entre nos mains. Aucune machine ne partira. On va les protéger. L’usine est sous
notre surveillance. »
La nouvelle est tombée comme un couperet, mais le climat général au sein de l’usine laissait présager le pire. « Depuis 2004, on
nous a enlevé des productions. Dès son arrivée, nous avions dit que la nouvelle direction de Fralib était faite de mercenaires venus pour liquider l’usine. »
Une consultation sera prochainement ouverte par la direction. « Ils nous donnent jusqu’au 20 octobre pour trouver un accord de
méthode pour appliquer leur plan. La consultation durera jusqu’au 6 janvier » fustige Gérard Cazorla. « Ils veulent qu’on collabore à notre mise à mort. »
Un destin que les salariés de Fralib, habitués des longues luttes, ont bien l’intention de renverser.
SEBASTIEN MADAU