Bonne nouvelle, comme nous le chantaient à l’unisson les commentateurs hier matin ? D’après le journal les Échos, le calcul du coût d’un retour partiel de l’âge légal de la retraite à 60 ans était erroné : la facture ne s’élèverait pas à 5 milliards d’euros par an, mais à moins de 2 milliards. L’explication de cet écart conduit cependant aussitôt à déchanter. Cette mesure, telle qu’elle a été conçue jusqu’alors, bénéficierait à un nombre de salariés plus réduit que les 130 000 à 150 000 annoncés.
Pour avoir le droit de partir à 60 ans, il faudrait avoir commencé à travailler à 18 ou 19 ans et, surtout, avoir cotisé 41 annuités. Seule une partie des périodes dites validées, notamment au titre de la maladie, des congés maternité, serait prise en compte dans ce calcul. Le dispositif serait ainsi calé sur celui des « carrières longues », instauré en 2003 par la loi Fillon.
Les syndicats plaident pour une extension de son champ d’application, en prenant en considération les périodes de chômage. Ces « trous » dans la carrière ont en effet de lourdes conséquences sur le droit à retraite. Les compter comme périodes validées reviendrait à restaurer le caractère solidaire du système de retraite.
La marge budgétaire que l’on vient de découvrir à la suite d’une rectification du coût de la mesure n’incite-t-elle pas à revoir la mesure en ce sens ? Cela suppose de prêter davantage oreille aux syndicats qu’à la pleureuse du patronat, Laurence Parisot, qui ferraillait hier contre un projet « pas raisonnable », en opposant les salariés entre eux : cela « va rendre les retraites des trentenaires ou de ceux qui ont vingt ans presque improbables », gronde-t-elle. À l’issue de sa rencontre à Matignon avec Jean-Marc Ayrault, hier, le secrétaire général de la CGT jugeait que « la porte n’est pas totalement fermée à une modification du champ d’application » du décret en préparation, sans pouvoir en dire plus.