Parlementaires, votez NON au mécanisme européen de stabilité
Humanité Quotidien
21 Février, 2012
Edito de Patrick Le Hyaric. L’Assemblée nationale est appelée
à se prononcer cet après-midi
sur l’un des
traités Sarkozy-Merkel, baptisé « mécanisme européen de stabilité ». Il ne s’agit pas d’une caisse
de secours pour venir en aide aux pays européens
en difficulté dans le cadre d’une
solidarité bien comprise. C’est un « FMI européen », au sein duquel siégera
le FMI de Washington. C’est une camisole de force.
Le même talon de fer austéritaire, antisocial et
inefficace qui s’applique en ce moment au peuple grec.
En effet, cette nouvelle mécanique européenne consiste à imposer aux États qui ont besoin d’argent « une stricte conditionnalité, sous la forme notamment de
programme d’ajustement macroéconomique ». Autrement dit, au lieu d’activer la Banque centrale européenne pour racheter la dette par création monétaire, ce traité conditionne l’octroi
d’une aide à l’application de l’austérité à perpétuité, au pompage des ressources du pays par les marchés financiers.
Et pour que cela soit clair et bien verrouillé, un État ne peut recevoir de l’aide qu’à la condition d’avoir ratifié l’autre traité Sarkozy-Merkel. Celui qui
fait que c’est la Commission de Bruxelles qui élabore le budget des États en lieu et place des parlements nationaux, qui oblige à réduire les dépenses sociales et publiques jusqu’à
l’équilibre des budgets, baptisé « règle d’or », celui qui permet des sanctions et de déférer un État ne respectant pas l’austérité devant la Cour de justice européenne.
Enchaîner la France au totalitarisme européen de l'austérité
Le texte édicte qu’« il est convenu que l’action d’une assistance financière dans le cadre des nouveaux programmes, en vertu du mécanisme européen de
stabilité, sera conditionnée… par la ratification du traité sur
la stabilité, la coordination et la gouvernance ». Voter
ce texte ou le laisser passer en s’abstenant revient
donc à
enchaîner la France au totalitarisme européen
de l’austérité. Ajoutons que notre pays va devoir débourser en plusieurs tranches, « de manière irrévocable et inconditionnelle »,
142 milliards d’euros, soit plus
de la moitié du budget de l’État, pour un fonds dont
les statuts interdisent au gouvernement et au Parlement d’en contrôler l’utilisation. Aucun
parlementaire
ne devrait être prêt à une telle abdication !
François Hollande a déclaré vouloir renégocier le deuxième traité. Il ne pourra le faire sans s’opposer à celui soumis ce soir à l’Assemblée nationale.
L’abstention n’est donc pas la bonne méthode.
D’autant qu’avec la majorité de gauche au Sénat,
il est possible, le 28 février, de bloquer cet inique processus. Nous avons la conviction
qu’un très grand nombre d’électrices et d’électeurs socialistes, communistes, écologistes et au-delà se retrouvent
dans l’appel unitaire à le rejeter ensemble, lancé par
le Front de
gauche et Jean-Luc Mélenchon.
Coup de force contre la démocratie
Qu’ils soient entendus pour que soit conjuré
un coup de force contre la démocratie et préservées
les chances de mise en œuvre et de réussite d’une
politique de gauche. Au nom de la souveraineté
du peuple, parlementaires, votez non !
À M. Sarkozy qui a bafoué le « non » au traité constitutionnel et qui prétend que « la parole de
la France est engagée », répondez avec nous que la voix la
plus solennelle, la plus forte et incontestable de la France est celle du peuple. Donnons-lui donc la parole ! Dites avec nous : il faut un référendum sur les deux traités.
-
A lire:
Nos dossiers consacrés à l'Union européenne [4] et à l'austérité [5]
Patrick Le Hyaric