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Que le gouvernement batte en retraite

 

 

Article publié dans La Marseillaise du mercredi 13 octobre 2010

 

 

La mobilisation contre la réforme des retraites atteint un taux record. MIGUE MARIOTTI
La mobilisation contre la réforme des retraites atteint un taux record. MIGUE MARIOTTI

Mobilisation. Les deux cortèges unitaires ont rassemblé un taux record de manifestants, qui ont battu le pavé contre la réforme Woerth-Sarkozy. Les appels à la grève s’amplifient.


La circulation sur le Vieux-Port se fait de plus en plus rude à l’approche du départ du cortège CGT, CFDT, Unsa, FSU, Unef et Solidaires. Et il en va de même en haut de la Canebière avec le cortège FO, CFTC, CFE-CGC. Plus importante que le 23 septembre ou le 2 octobre, la mobilisation contre la réforme des retraites atteint un taux record. Hier, ils étaient 230 000 personnes selon les syndicats… 24 500 selon la police, à avoir battu le pavé phocéen contre le projet de réforme des retraites. Un chiffre en très nette hausse par rapport aux précédentes journées d’action.
L’occasion, peut-être, de penser que tout ne fait que commencer. « Le mouvement prend une autre tournure, beaucoup de préavis sont lancés et le mouvement ne fait que débuter », selon Joëlle Nodin, responsable régionale Solidaires dans le cortège au départ du Vieux-Port.
« Pour l’abandon du projet Woerth-Sarkozy, pour une véritable réforme des retraites et une juste répartition des richesses », pouvait-on lire sur la banderole de tête, qui a conduit les milliers de manifestants jusqu’à la place Castellane via la rue de la République, le boulevard des Dames, la Porte d’Aix, le boulevard Charles-Nédélec et le cours Lieutaud.


« Une mobilisation de très haut niveau »


« L’idée selon laquelle le gouvernement peut être bloqué est arrivée à maturité chez les salariés, souligne Mireille Chessa, secrétaire générale de l’UD-CGT, c’est pourquoi nous assistons aujourd’hui à une mobilisation de très haut niveau. » Une mobilisation « capable de créer un véritable rapport de force » et dont « l’unité syndicale peut mettre le gouvernement en difficulté », selon le secrétaire académique de la FSU, Jean-François Longo, qui signale les nombreux appels à la grève reconductible notamment dans l’Education.
Du côté de l’Unef, même combat. « Le dossier des retraites est sous-jacent à la question de l’emploi et du chômage des jeunes », relève Albin Faure, président de l’Union nationale des étudiants à Aix-Marseille.
Reste à « réussir le pari de tenir dans la durée », sachant que le mouvement social s’élargit à « de plus en plus d’entreprises », selon le secrétaire départemental de l’Unsa, Gilles Prou-Gaillard, pour qui « le combat contre la réforme des retraites est déjà gagné dans l’opinion publique ».
Le constat de l’élargissement du mouvement social fait l’unanimité. « La mobilisation ne faiblit pas, au contraire, elle fait peser d’énormes responsabilités au Sénat, qui préfère s’enfermer dans la radicalité », précise Patrick Parra, secrétaire de l’UD-CFDT, estimant par ailleurs que « le gouvernement doit se préparer à payer la facture aux prochaines élections ».


« Il est temps que la France se réveille »


C’est la gravité qui marque le défilé de FO, ainsi que de la CFTC et de la CFE-CGC, avec un sentiment, exprimé par une manifestante : « Tout commence aujourd’hui. »
Avant le défilé c’est l’heure des discours. Gérard Dossetto, secrétaire général du syndicat FO, plaide pour une grève interprofessionnelle à l’appel des confédérations. « Si les retraites sont mises à mal après ils s’attaqueront à la Sécu. Et il ne faut pas oublier que l’Europe nous regarde. Si la loi passe facilement en France, ce sont les autres salariés européens qui vont subir des attaques, par contre, en cas de victoire, quelle mobilisation ! »


Bernard Cheval, Fonction publique CFTC : « Nous refusons cette politique ultralibérale qui pompe toujours les mêmes. Nous refusons cette loi qui fabriquerait si elle était appliquée des bataillons de retraités pauvres et ne laisserait à la jeunesse que la précarité. Il est temps que la France se réveille. »
Gilbert Chauvet, CGC, avance : « Il faut rester dans l’unité d’action contre ce projet que tout le monde conteste. Il est néfaste et, en plus, ne règle qu’une partie du problème. Et les quinze à vingt milliards d’euros qui manquent seront récupérés sur une baisse des pensions. »
Chez les manifestants, le sentiment que le moment est important est tout aussi présent. Evelyne (FO), qui travaille dans les écoles, explique : « Le personnel est de plus en plus mobilisé car constitué en grande majorité de femmes qui sont les plus touchées par la réforme. Et cela, alors que nos salaires sont bas et les conditions de travail de plus en plus pénibles. » Danielle, qui travaille dans les crèches, avance, elle aussi, les faibles salaires, la pénibilité du travail : « Face à tout cela la grève était un souhait général. » Tandis que Gabriel (CGC) explique : « Je suis là pour les jeunes, c’est un combat de génération. » Preuve de l’implication de chaque manifestant, Jean-Pierre porte un tee-shirt personnalisé, avec l’inscription qu’il a fait apposer : « Pas besoin de travailler plus mais de travailler tous. »


EMMANUELLE BARRET
ET MICHEL CAIRE

 Les jeunes entrent dans le combat

  Mobilisation notable chez les jeunes pour cette nouvelle journée d’action. Lycéens, étudiants et jeunes travailleurs de tout le département ont formé pour la première fois un cortège dans la manifestation. « Du côté des étudiants, la prise de conscience est croissante, nous étions 800 dans les rues d’Aix jeudi dernier et nous poursuivons notre travail d’information », confirme Albin Faure, président de l’Unef Aix-Marseille. « Une assemblée générale (AG) aura lieu à la fac Saint-Charles mercredi à midi et une autre se tiendra à la fac de lettres d’Aix jeudi à midi », explique-t-il avant de détailler le travail accompli en commun au sein du collectif « La retraite, une affaire de jeunes* » organisations syndicales, politiques et associations. « Grâce à la CGT un bus de jeunes a pu venir d’Aix, nous travaillons à des actions pour la fin de semaine et à une présence massive samedi », conclut-il.

Pour défendre leur avenir

    Pour sa part, Maxime Picard, responsable du collectif jeunes CGT 13, ne cache pas sa satisfaction. « Avec ce cortège, la jeunesse prend véritablement sa place dans la mobilisation », se réjouit-il. « Le gouvernement et le patronat répètent sans cesse que ce projet de loi est fait pour les jeunes générations. Nous réfutons en bloc cette idée. D’ailleurs, la frange de la population désormais la plus hostile au projet Woerth, c’est la jeunesse », martèle-t-il. « Il faut traduire cette victoire sur le terrain des idées par une présence de plus en plus massive des jeunes dans le mouvement pour défendre leur avenir », explique le cégétiste, avant d’appeler tous les salariés à se réunir « sans attendre pour décider des suites et des formes à donner avec en ligne de mire la journée de samedi ».
    Arrivé avec un bus de 45 élèves du lycée Rimbaud d’Istres, Simon, jeune communiste, est lui aussi très enthousiaste. « Jeudi dernier à l’appel de la JC, des lycées de Miramas, Salon, Martigues, Istres se sont mobilisés. Nous étions une centaine devant la sous-préfecture où nous avons été reçus », rapporte-t-il derrière la banderole écarlate de son organisation.
    Dans le cortège, on notait aussi une forte présence des élèves du lycée Montgrand de Marseille aux côtés des étudiants et jeunes salariés, tous bien décidés à ne rien lâcher.
LEO PURGUETTE
 * CGT, Unef, FSE, Sud étudiants, Fidl, UNL, JC, UEC, MJS, PG, NPA, Attac
Tag(s) : #Retraites
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