Et Chatel inventa le prof multitâche...
Luc Chatel a présenté hier son «plan» censé redonner le goût des matières scientifiques aux petits Français, plutôt mal classés dans ce domaine selon la dernière étude Pisa. Au milieu d’une batterie de mesures jugées «dilatoires» par le Snes-FSU (séance quotidienne de calcul mental, nomination d’inspecteurs spécialisés pour «mieux piloter le système», partenariat avec le monde des entreprises, etc.), il en est une qui promet de faire du bruit.
Dès la rentrée prochaine, le ministère envisage la mise en place, dans 400 collèges en «zones difficiles», de professeurs qui enseigneront à la fois la physique-chimie, les sciences de la vie et de la terre (SVT) et la technologie ! Un prof multitâche censé, selon les mots du ministre, faire comprendre aux enfants des quartiers populaires « la fluidité de la démarche scientifique»...
En fait, cet enseignement polyvalent, dit «intégré», des sciences est expérimenté depuis 2006 dans 50 collèges, en classe de 6e et 5e. Son bilan ? « On ne le connaît pas, explique Monique Daume, secrétaire nationale du Snes, chargée du collège. Mais les collègues nous disent qu’il est compliqué d’enseigner efficacement trois matières. Ils ne se sentent vraiment à l’aise que dans leur discipline de recrutement.»
Sur le fond, cette mesure réservée aux «zones difficiles» apparaît surtout, pour Monique Daume, comme un pas de plus dans «l’abandon» des milieux populaires. «On y construit, peu à peu, une école au rabais où l’ambition, en termes de savoirs, se limite au socle commun et où, maintenant, les professeurs n’ont plus besoin d’être spécialistes de leur discipline.» À l’heure où le gouvernement ne remplace qu’un fonctionnaire sur deux, cette polyvalence des profs de sciences semble également une aubaine pour faire de nouvelles économies de postes...