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"Ils sont exploités jusqu’à la moelle "

Article paru dans La Marseillaise du vendredi 18 février 2011

 

 

Jeudi, les assistants d’éducation n’ont pas hésité à braver la pluie pour manifester leur colère. D.M
Jeudi, les assistants d’éducation n’ont pas hésité à braver la pluie pour manifester leur colère. D.M

Jeudi devant le Rectorat, plusieurs dizaines d' assistants d’éducation ont crié leur ras-le-bol de la précarité.


50 euros. Voilà ce que coûte une journée de grève à un assistant d’éducation (AED). Et 50 euros quand on touche un salaire de misère, ça commence à faire. Pourtant, ils étaient nombreux hier à manifester leur colère devant le Rectorat. Au total, une douzaine de collèges et lycées se sont vus privés de leurs assistants d’éducation. L’opération 100% grève lancée par la CGT est une réussite, et ce malgré, selon les dires du secrétaire départemental de la CGT éducation, Julien Colet, les pressions exercées par les chefs d’établissements. Et c’est bien là le problème. « On est à la merci du principal » témoigne Jonathan, AED au collège Las Cazes. En effet, l’embauche ou la reconduite du contrat (qui s’effectue chaque année) est laissée à la seule appréciation du chef d’établissement. « Depuis le départ de la secrétaire c’est moi qui m’occupe de la comptabilité, alors que ce n’est pas mon travail. Mais je le fais, car en refusant je risque de ne pas être reconduite l’année prochaine » déplore Marine, employée au Lycée Charles de Gaulle à Sète. Ainsi les AED sont tour à tour infirmier, technicien informatique, documentaliste, accompagnateur d’enfants handicapés, traducteurs… Une polyvalence qui n’est bien sûr pas prévue dans leur contrat. « J’ai été embauché pour encadrer et surveiller les élèves » indique Jonathan, mais poursuit-il « tout ce que l’on me demande je le fais. Pas le choix, car on est sur un siège éjectable ».
Pour sortir de cette impasse « il faut que le recrutement soit académique » estime Jonathan. Qui plus est, les contrats « doivent être établis pour une durée de 2 ans conformément à la loi ».


« Nos droits sont bafoués »


« Ils sont exploités jusqu’à la moelle, pourtant leur travail n’est pas reconnu par l’Éducation nationale » assure Jeanine Marsetti, CPE au collège Ambrussum de Lunel. En effet, les AED ne sont pas titulaires, mais contractuels de droit public. Ainsi ils n’ont pas le droit à la prime de précarité, ni à la prime d’embauche dans les ZEP « alors que les enseignants non titulaires y ont droit » s’insurge Jeanine Marsetti.
La validation des acquis de l’expérience est également une des doléances des manifestants. « On ne reconnaît pas la valeur de notre travail , déplore cette AED de Agde « pourtant ça fait 5 ans que je travaille au collège René Cassin, mais mon expérience ne vaut rien aux yeux de l’Etat, et je ne serai jamais titularisée».
Et le peu de droits qui leur sont reconnus ne sont pas respectés. Ainsi, Marine a dû batailler ferme pour faire valoir son droit à la formation auprès du chef d’établissement « Je dispose d’un crédit d’heures pour préparer les concours. J’ai été obligée de faire venir les syndicats pour que le proviseur accepte de me les accorder».
Vu la puissance sonore du mégaphone, leurs doléances ont été entendues par le recteur, mais des mesures seront-elles annoncées ? Rien n’est moins sûr. Néanmoins, Julien Colet se félicite. La grève aura au moins eu le mérite de faire comprendre aux chefs d’établissements à quel point le travail des AED est nécessaire.


ESTELLE SERRA

 

Tag(s) : #Education
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