À l’ouverture, hier, de la première séance de négociation sur la précarité dans la fonction publique, quelques jours après la sortie provocatrice de Christian Jacob, chef de file de l’UMP à l’Assemblée, sur la «pertinence de l’embauche à vie» des fonctionnaires, le gouvernement la joue amende honorable pendant que les services du ministère tentent de tenir la presse à distance des syndicalistes. «La réunion n’est pas ouverte aux journalistes, vous pouvez voir qui vous voulez à l’extérieur», arguent dans un premier temps les attachés de presse. À l’intérieur de la salle de réunion, Georges Tron, secrétaire d’État à la Fonction publique, énumére les principes contenus dans un document transmis aux syndicats : passage en CDI pour tous les agents contractuels ayant accumulé les contrats précaires pendant plus de six ans et ouverture de concours spécifiques pour leur titularisation. Alors que les têtes brûlées de l’UMP à l’Assemblée suggèrent de mettre en place un «contrat d’objectif de cinq ou dix ans», le représentant du gouvernement n’insiste guère désormais sur son projet de créer un nouveau dispositif précaire, le «contrat de projet» à durée déterminée.
À l’issue de cette première réunion à Bercy, les syndicats sortent soudés. Dans une déclaration commune, toutes les organisations, à l’exception de FO, représentant les personnels de toute la fonction publique, réclament «un dispositif de titularisation accessible à tous les agents non titulaires, et non aux seuls CDI, la limitation drastique des cas de recours au contrat et le retrait du contrat de projet inscrit dans le document d’orientation». «Nous refusons ensemble de voir se constituer une fonction publique de seconde zone», explique Patrick Gonthier (Unsa). «Le minimum avant même de discuter, c’est de retirer des discussions un dispositif, comme le contrat de projet, qui ne servirait qu’à ajouter encore de la précarité», avance Jean-Marc Canon (CGT). Comme ses collègues, Bernadette Groison (FSU) attend un geste : «Georges Tron parle de discussion sans tabou… À lui de montrer qu’il est disposé à entendre ce que disent les organisations syndicales !"