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Société - Article paru le 28 août 2009 dans l'Humanité

 

Une prof poursuivie car trop militante… !

Éducation . Enseignante en Guadeloupe, Delphine, membre du LKP et du SNES, est menacée par sa hiérarchie pour sa participation aux grèves de l’hiver dernier.


Intimidation ? Antisyndicalisme ? Delphine Prudhomme préfère parler de « tracasseries ». Professeur de SVT en Guadeloupe depuis 2003, cette jeune femme, membre du LKP et cosecrétaire académique du SNES, est l’objet depuis plusieurs mois de poursuites disciplinaires de la part du rectorat. En cause : son activité militante pendant le mouvement de l’hiver dernier.

Dans un document daté du 22 juin, le rectorat lui reproche d’avoir participé à la grève du 16 décembre 2008, d’avoir organisé une assemblée générale dans son établissement, d’être proche de Combat ouvrier et de participer à la rédaction de Rebelle, un journal créé pendant le mouvement de grève et donnant librement la parole aux jeunes. Pour Delphine, « le seul fait que Rebelle existe dérange ». Pour son comité de soutien, cette histoire relève du « délit de syndicalisme et d’opinion ».


Maigres preuves


Pour le moment, aucune sanction n’est tombée. Mais la procédure disciplinaire elle-même exaspère Delphine, dont les rapports d’inspection ont toujours loué son travail. Delphine n’ayant été mise en courant de ces reproches que début juillet, le rectorat lui a demandé, dans un premier temps, de boucler sa défense sans qu’elle puisse consulter son dossier administratif ! Elle n’y aura accès que le 25 août, les autorités brandissant de « nouvelles révélations » prouvant sa culpabilité. Après consultation, Delphine ironise : « On m’avait promis l’Amérique, je suis presque déçue… Dans ce dossier, mes rapports d’inspection ont disparu et seulement cinq témoignages viennent gonfler les accusations dont trois ne me concernent même pas. » Maigres preuves.

Regrettant que toute cette histoire ait, comme d’habitude, fait surface pendant les vacances scolaires, Delphine estime que le rectorat commence à faire machine arrière. Soutenue par une large partie de ses collègues, elle fera sa prérentrée normalement lundi prochain, espérant que les poursuites soient abandonnées rapidement. À ses yeux, son militantisme dérange en Guadeloupe. Son comité de soutien acquiesce : « On se croirait revenus quarante ans en arrière, à l’époque où le pouvoir colonial chassait sans vergogne du département les fonctionnaires jugés trop remuants. »

Quoi qu’il en soit, Delphine, qui n’avait jamais été inquiétée en métropole pour son militantisme, n’est pas prête à taire ses critiques sur la situation de l’éducation nationale dans l’île. « Ici, le taux de réussite au bac est en permanence 50 % moins bon qu’en métropole, s’agace-t-elle. Toute la Guadeloupe devrait être classée en ZEP ! »


Marion d’Allard

Tag(s) : #Education
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