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Hausse du chômage, la crise n’explique pas tout !

Article paru dans La Marseillaise du vendredi 31 juillet 2009

Dans la construction, la situation s’est complètement retournée. Après cinq années de progression, l’emploi recule de près de 1%. (Photo RT)
Dans la construction, la situation s’est complètement retournée. Après cinq années de progression, l’emploi recule de près de 1%. (Photo RT)
Emploi. Le marché régional du travail subit de plein fouet les effets de la crise. Le chômage repart à la hausse. Pour la CGT, il s’agit là d’un affrontement stratégique entre capital et travail.


 

 

Emploi… Ce n’est pas la joie à la lecture du sévère bilan dressé par l’Union départemental CGT des Bouches-du-Rhône et l’étude régionale, sur le premier semestre 2009, livrée par l’INSEE.
Le réquisitoire de la CGT commence par Lustucru en Arles où, au prétexte des inondations de 2004, l’entreprise a laissé 146 salariés sur le carreau. Ce sont, ensuite, les Salins du Midi qui ont liquidé des centaines d’emplois en quelques décennies. Ou encore, à Tarascon, dans l’entreprise Tembec (ex Cellulose d’Aquitaine), mille emplois sont menacés. Ici, les syndicats ont relevé des carences énormes en matière d’investissements, de maintien de l’outil de travail et de son adaptation aux évolutions du marché.
146 salariés sont sous le coup du chômage chez Linpac à Tarsacon. A Saint-Martin de Crau, plus d’un tiers de l’effectif est menacé chez SPC (ex Thermofil).
Les Papeteries Etienne en Arles supprimeraient 110 postes dans compter les emplois induits.
A cette liste rapide s’ajoutent les mises en chômage technique comme chez Arcelor-Mittal ou les Moteurs Baudouin.
La CGT note : « Du Nord du département, en passant par Fos, le pourtour de l’Etang de Berre, la réparation navale, ce sont tous les bassins d’emploi qui sont menacés, voire en situation d’être purement et simplement délocalisés. »

Hausse du chômage en PACA


A cette analyse, que l’on pourrait estimer partisane, vient s’ajouter une étude régionale sur l’emploi, délivrée récemment par l’INSEE.
Elle relève une baisse de l’emploi et une hausse du taux de chômage en région PACA au premier semestre 2009. Fin mars, le nombre d’emplois salariés est établi à 1 242 000. Pour la première fois depuis douze ans, l’emploi salarié régional s’est légèrement replié. L’emploi intérimaire est en recul de plus de 20% au premier trimestre, soit 6.800 emplois en équivalents temps plein.
Dans le courant du premier trimestre 2009, le Pôle emploi a enregistré 450 inscriptions de salarié de l’industrie de plus que l’année précédente par suite à un licenciement économique, une fin de contrat à durée déterminée ou d’une mission d’intérim. Ce qui représente une haute de plus de 9% sur une année.
Près du tiers de cette augmentation est concentré dans l’industrie pharmaceutique alors que ce secteur représente 4% des emplois industriel.
Dans la construction, la situation s’est complètement retournée. Après cinq années de progression, l’emploi recule de près de 1%. Les effectifs représentent 10% de l’ensemble de l’emploi salarié dans la région.
Les effectifs intérimaires sont en repli de près de 22 points (soit 2300 emplois en moins) par rapport à l’année précédente.
Sur ce seul secteur, le Pôle emploi a enregistré 5.400 inscriptions suite à des licenciements économiques, des fin de CDD ou de mission d’intérim.
Cette situation de l’emploi dans la construction se déroule au moment où les ventes régionales de logements neufs se sont nettement redressées en début d’année 2009.
Les constructeurs jugent les niveaux de production exceptionnellement faibles.
Comprenne qui pourra…
Enfin, selon la même étude, l’emploi tertiaire (78%) a légèrement reculé au premier trimestre 2009.
L’Insee note par ailleurs que « la mauvaise conjoncture a aussi tout particulièrement affecté la métallurgie et les industries de composants électriques et électroniques ».

Licenciements cachés…


Et c’est là qu’on commence à avoir un problème, en étudiant les dernières évolutions de la Bourse et du CAC 40 (les quarante premières valeurs françaises).
L’indice boursier de Paris, nous disent les Echos et la Tribune, est revenu à son pic annuel atteint le 6 janvier 2009 (ils sont précis).
Mais dans le même temps on s’aperçoit que PSA (Peugeot) gagne 11% à la cotation, mais affiche une perte de 962 millions d’euros et que les analystes financiers prévoient une perte de 2 milliards d’euros à la fin de l’année. Dans la même veine, Renault gagne six points à la Bourse de Paris mais s’apprête à des licenciements cachés sous des départs volontaires.
Arcelor-Mittal met ses salariés en chômage technique pendant quelques mois, et annonce une perte nette de près de 2 milliards d’euros au premier semestre 2009. Une situation qui laisse craindre des suppressions d’emplois, nous affirme-t-on.
Dans le secteur de la micro-électronique, StMicroélectornics (zone industrielle de Rousset) annonce des pertes nettes de 381 millions de dollars. Et Lucen-Alcaltel vient de confirmer son plan dit social de suppressions de 17500 emplois d’ici la fin de l’année.
Du côté d’Aventis, produits pharmaceutiques, les profits s’envolent…
Comprenne qui pourra, mais la crise n’explique pas tout…
Nous sommes effectivement confrontés, ici, à deux logiques. Celle qui prime aujourd’hui, la rentabilité maximum dans un temps minimum, contre le maintien de l’activité industrielle, seule productrice de richesse et de valeur ajoutée, et des emplois.
La CGT rappelle, lors d’une conférence de presse : « Au-delà des licenciements et leur lot de drames humains, c’est toute une économie qui est gravement atteinte, c’est l’équilibre d’un grand nombre de collectivités territoriales qui est aujourd’hui en jeu. » Elle ajoute : « Loin d’un démantèlement de quelques unités, ce sont bien les fondements, les fondations des activités industrielles, pérennisées depuis des décennies qui sont mises en péril ».
Pas mal, non ?


MAURICE BRANDI

Tag(s) : #Economie
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