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Politique - Article paru le 6 mars 2009 dans l'Humanité

 

À Nice, un hôpital est à vendre !



Loi Bachelot . Pour combler son déficit, le CHU de Nice met en vente au plus offrant l’hôpital Saint-Roch, qui était pourtant promis à devenir un pôle international de santé publique.


Nice (Alpes-Maritimes),
correspondant régional.


Très remontés contre la loi Bachelot, une centaine d’agents hospitaliers du CHU de Nice qui ont descendu la Canebière, hier matin, dans le cadre de la journée de mobilisation des hôpitaux, en compagnie de leurs collègues de la région PACA avant de se porter en délégation vers l’agence régionale de l’hôpital, avaient une raison supplémentaire de manifester leur colère : leur conseil d’administration, présidé par le maire ultrasarkosyste Christian Estrosi, vient d’annoncer la mise en vente de l’hôpital Saint-Roch « au plus offrant » ! Un véritable crève-coeur pour l’administratrice CGT Ghislaine Rouafi, non seulement parce que, comme des milliers de Niçois, elle est née à Saint-Roch mais surtout parce que, selon son syndicat qui, tout comme les élus communistes locaux, entend s’opposer, en l’état, à cette vente, cela signifie l’abandon d’un projet, pourtant voté à l’unanimité par le même CA, de transformation de cet hôpital de proximité en pôle international de santé publique, le premier du genre en Europe, spécialisé dans l’obésité des enfants.


Tarification à
l’activité accusée


« Cette vente est faite sans consultation de la population, qui est très attachée à cet hôpital, pour combler le déficit, une notion que nous contestons car elle est due à la mise en place de la nouvelle tarification à l’activité (T2A) et à un manque flagrant de financement de la part de l’État », soulignent de concert les syndicats CGT et FO du CHU.

En effet, dans un contexte de désengagement de l’État, le creusement du déficit du CHU de Nice est allé de pair avec celui des fondations, sur un flanc de la colline antique de Cimiez, du complexe hospitalier Pasteur-II construit en lieu et place du vieil hôpital Pasteur. La destruction de cet hôpital, le transfert provisoire de certains de ses services au privé, la lenteur des travaux dans cette zone archéologique ont entraîné pour le CHU une importante baisse des

recettes. C’est ainsi que de 3 millions d’euros en 2005 le déficit s’est monté à 38 millions en 2008, cumulant aujourd’hui à 76 millions. De plus le CHU a dû emprunter récemment 60 millions d’euros sur vingt ans pour faire face à une hausse du devis de Pasteur-II qui est passé de 256 millions d’euros à 312 millions d’euros. Accusée par les patrons du BTP d’avoir sous-évalué certains travaux dans ce sol particulier, la direction du CHU n’a rien pu ou voulu faire contre ces entreprises qu’elle soupçonne pourtant de s’être entendues entre elles pour faire monter les prix.


Sortir sa
carte bleue


C’est ainsi en tout cas que ses finances se sont retrouvées prises en ciseau, le ministère de la Santé ne levant pas le petit doigt et exigeant en outre, pour apporter sa caution à l’emprunt de 60 millions, l’exécution d’un « plan de retour à l’équilibre » d’ici l’ouverture de Pasteur-II prévue fin 2011. D’où la vente de l’un des fleurons du patrimoine immobilier du CHU de Nice dont la composition est réclamée, en vain, par la CGT. N’y avait-il en effet pas mieux et de moins utile

à la population à vendre, même si les 13 000 m2 de terrain en plein centre-ville et les 28 000 m2 de locaux sur quatre niveaux, le tout étant estimé à 86 millions d’euros, devraient facilement trouver preneur ? Et cela suffira-t-il aux finances du CHU à retrouver l’équilibre ? « Non hélas ! » estime la CGT tout en révélant… qu’un autre hôpital du CHU, celui situé dans la commune de Cantaron et spécialisé en gériatrie, serait aussi mis en vente prochainement !

À cela s’ajoutent tout récemment, comme s’en inquiète Éliane Guigo, conseillère régionale communiste et administratrice du CHU de Nice, des suppressions de postes (40 en 2008) et de lits (40 à l’hôpital de Cimiez), la cession au privé du service de pédiatrie de l’hôpital l’Archet ainsi qu’un centre Alzheimer pourtant fruit d’un legs au public. On y sera certes aussi bien soigné qu’à l’hôpital public mais il faudra sans doute prévoir, avec sa carte vitale, de sortir aussi d’un portefeuille bien garni, sa carte bleue…


Philippe Jérôme

Tag(s) : #Services publics
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