Education : Voeux brouillés pour Nicolas Sarkozy !

Des promesses de dialogue, deux nominations, pas mal de coups de matraque et de longues sorties un brin lassantes sur la volonté « d’agir » et « l’immobilisme »… Venu hier à Saint-Lô (Manche) pour présenter ses voeux au personnel de l’éducation nationale, Nicolas Sarkozy a tenté, à sa manière, de reprendre la main sur le dossier de l’école. Dans la confusion et sans convaincre.

De fait, le comité d’accueil était à la hauteur de la colère des enseignants. Quelque 4 000 personnes ont répondu à l’appel à manifester des syndicats, partis de gauche et organisations antinucléaires. Un regroupement qui s’est heurté à un impressionnant déploiement de forces de l’ordre. Dès le matin, tous les accès aux lieux où le président devait se rendre étaient verrouillés, contribuant à tendre la situation. Huit manifestants ont été blessés par des tirs de gaz lacrymogènes et une dizaine d’autres interpellés. « Tout a été mis en place pour qu’on ne retienne de cette journée que les incidents alors que c’était une manifestation très massive et très pacifique », note Ralph Lejamtel, secrétaire départemental de la FSU.

Copieusement hué, Nicolas Sarkozy est finalement parvenu au centre culturel, où il a prononcé un discours sans grosse surprise.

« La réforme devra être prête en 2010 »

Un mois après l’annonce du report de la réforme du lycée, le président a réaffirmé que ce projet « se fera », tout en justifiant son recul. « J’ai senti, avec le ministre Xavier Darcos, le besoin d’expression de la société française », a-t-il euphémisé. Pour y répondre, le chef de l’État a annoncé la création d’une « mission de concertation », chargée de formuler des propositions concrètes pour relancer le processus. Cette mission sera notamment dirigée par le médiatique directeur de Sciences Po Paris, Richard Descoings  et pourrait avoir pour base les « points de convergence » signés en juin et juillet par la quasi-totalité des syndicats.

« Cette réforme devra être prête pour septembre 2010 », a martelé le président, promettant qu’elle se fera « sans enlever un centime et un poste au lycée ». Parole de Sarkozy. Autre annonce chic et choc : l’élargissement des attributions de Martin Hirsch, qui hérite d’un haut-commissariat à la Jeunesse, destiné à répondre « à l’angoisse plus générale des jeunes ».

Pour le reste, rien à déclarer. Le malaise dans l’enseignement primaire ? Balayé en quelques phrases. « Je soutiens totalement la réforme de Xavier Darcos », sourit Nicolas Sarkozy. À commencer par la mise en place du soutien scolaire personnalisé, tant décrié par les enseignants. Les milliers de suppressions de postes, au coeur de la contestation ? Elles continueront. « Si la solution du plus d’argent était la bonne, relève le président, alors pourquoi tous les ministres de l’Éducation précédents ont-ils échoué alors qu’ils ont tous donné plus d’argent, plus de moyens ? » Fermez le ban. Au final, les enseignants auront droit, en guise de voeux, à tout le « respect » du chef de l’État. Les voilà bien.

Les lycéens dans la rue dès jeudi

Du côté syndical, c’est la déception . « On s’attendait, au moins, à une réponse à nos argumentaires, déplore Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUIpp-FSU. Eh bien, même pas. En cette période de crise, où l’on répète que la priorité c’est l’emploi, on aurait pu penser, par exemple, qu’il allait revoir sa volonté de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux… » Même amertume du côté des syndicats lycéens. L’Union nationale lycéenne (UNL) et la FIDL, qui réclament toujours la fin des suppressions de postes, ont dénoncé un discours qui « ne répond pas aux attentes ». Et appelé à une journée de manifestations nationale jeudi prochain.

Laurent Mouloud