La réforme Darcos ne passe pas plus chez les profs que chez les élèves et les parents. Ensemble,
ils réclament son retrait pur et simple.
De la maternelle à l’enseignement supérieur en passant par les collèges et les lycées, le
service public d’éducation est confronté à un ensemble de réformes.
L’Education nationale a-t-elle besoin d’une réforme ? Certainement, mais à l’évidence et en
observant les mouvements qui se sont développés à la fin de l’an dernier, élèves, profs et parents ne veulent pas de celle présentée par le ministre Xavier Darcos.
Mais, au fait, c’est quoi cette réforme ?
Elle touche tous les niveaux, de la maternelle à l’enseignement supérieur.
Maternelle
Le gouvernement recule progressivement l’âge d’entrée à l’école maternelle (manque de places pour les plus jeunes) dans le public. De plus en plus se
développent des établissements privés à but lucratif pour les enfants jusqu’à 4 ans. Dans le meilleur des cas, elles sont aussi associatives.
Le Ministère de l’Education prépare les parents à la fermeture définitive des « petites sections ».
Une telle orientation aggravera sans doute les inégalités sociales. En effet, plus un enfant est scolarisé tôt plus il a de chances de réussite dans son
cursus scolaire. En privatisant la maternelle, pourront y accéder les familles qui en auront les moyens.
Primaire
Le texte du gouvernement fixe à l’école primaire un « nouvel horizon » avec un socle commun des connaissances et des compétences. Il met l’accent sur les «
apprentissages fondamentaux » : lire, écrire, compter et appropriation du langage.
L’enseignement serait organisé en cycles :
Cycle 1 : les trois sections de la maternelle.
Cycle 2 : du CP au CE1
Cycle 3 : CE2, CM1 et CM2
Les programmes de français seront renforcés, la « récitation » est remise au goût du jour. Les mathématiques sont marqués par une nette importance accordée
aux quatre opérations (addition, soustraction, multiplication et division). La pratique d’une langue vivante est prévue.
La diminution des horaires hebdomadaires, par exemple, aux dix heures de français en cycle3 il faut ajouter 5 heures de maths, 4 heures de sports et 1H30 pour
les langues vivantes. Le cahier des charges s’alourdit alors que le budget 2009 prévoit la suppression de 6 000 postes pendant qu’on attend 15 400 élèves supplémentaires.
De la même manière, 3 000 postes d’enseignants spécialisés dans l’aide aux enfants en difficultés (RASED) seront fermés.
Ces aides seront remplacées par des heures de soutien, avec des maîtres non spécialisés, alourdissant, ainsi, la journée scolaire de l’enfant.
Enfin, la fin de la carte scolaire, va entraîner la mise en concurrence des établissements. Ajoutons la suppression des cours le samedi matin, comment va-t-on
combler le manque à gagner en terme d’heures. Réparties dans la semaine ? Le matin ? Entre midi et deux ?
Retour l’instruction civique et morale. Les enfants apprendront à reconnaître « La Marseillaise » et à se lever quand ils l’entendront, apprentissage des
symboles de la République. Et en morale, découverte des principes et l’importance de la règle de droit. Des idées chères au président de la République, mais de facto à la
réflexion individuelle il substitut les automatismes.
Secondaire
La durée de formation au Bac professionnel passe de trois à deux ans.
L’épreuve de français devrait être supprimée lors de l’examen du BTS dans certaines sections.
La réforme propose une architecture générale distinguant la seconde du cycle terminal. On remplace les filières par des parcours guidés. En seconde comme en
terminale trois blocs principaux sont créés.
Des enseignements généraux pour approfondir les connaissances acquises au collège, des enseignements complémentaires destinés à l’exploration de « nouveaux
domaines » et à la spécialisation et enfin des enseignements et activités d’accompagnement : travaux interdisciplinaires, ateliers de pratiques scientifiques ou artistiques…
En seconde, la répartition du temps de l’élève pourrait être de 60% pour l’enseignement, 25% pour les modules d’exploration et d’approfondissement et 15% pour
les activités d’accompagnement et en terminale, respectivement 45%, 45% et 10%.
Que de belles intentions, sauf qu’il manque les moyens. Ainsi, en 2008, 11 000 postes de professeurs ont été supprimés et près 13 400 en 2009. A cela s’ajoute
la libéralisation du recrutement et de la gestion des enseignants.
Les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), des sciences de l’éducation et de la formation professionnelle des maîtres sont remis en
cause.
Universités
La loi LRU ouvre la voie à la privatisation des universités avec l’autonomie de celles-ci. Le « Plan campus » a sélectionné dix pôles de recherche et
enseignements, au détriment des universités « moyennes » et filières ainsi que le droit de chaque étudiant à accéder à une formation reconnue et de qualité.
La réforme LMD (licence, master, doctorat) a généré la concurrence entre les différents établissements universitaires et des formations.
Dans sa vision libérale de la société, le gouvernement crée une école à deux vitesses : les établissements les plus réputés choisiront leurs élèves (les
meilleurs), et pour les autres advienne que pourra.
Décryptage
Maurice BRANDI
Photo Robert TERZIAN
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