« Darcos doit bouger sur le fond pas juste sur le calendrier »
Éducation . Mobilisation aujourd’hui des lycéens. Pour Lucie Bousser, présidente de l’UNL, la marche arrière du gouvernement n’est pas suffisante.
Malgré le recul du gouvernement sur la réforme de la seconde, les organisations lycéennes appellent aujourd’hui à une nouvelle journée de manifestation dans toute la France. Pour Lucie Bousser,
présidente de l’Union nationale des lycéens (UNL), cette mobilisation reste une nécessité pour obliger Xavier Darcos à prendre en compte leur revendication.
Pourquoi continuer à appeler à manifester alors que Xavier Darcos a annoncé qu’il remettait à plat sa réforme du
lycée ?
Lucie Bousser. Xavier Darcos n’a pas annoncé qu’il remettait à plat sa réforme, seulement qu’il la reportait. Nous, nous souhaitons qu’il bouge désormais sur le fond, pas seulement sur le
calendrier. Ces derniers mois, le ministre a fait la démonstration qu’il ne prenait absolument pas en compte les revendications des acteurs de la communauté éducative, lycéens, parents ou
professeurs. Pour avoir une chance de se faire entendre, il faut en passer par la construction d’un puissant mouvement.
Vous avez demandé à rencontrer le ministre ?
Lucie Bousser. On demande à être reçu et surtout à ce qu’il prenne en compte nos attentes. Nous avons été échaudés par son attitude, ces derniers mois. On a bien vu, notamment lors de la
réunion du 15 novembre, que Xavier Darcos n’avait aucune envie d’écouter les lycéens. Comment peut-on faire une réforme du lycée sans mettre au coeur les principaux
concernés ?
Que revendiquez-vous ?
Lucie Bousser. On veut un lycée de l’égalité où tous les élèves auraient les mêmes chances de réussite. Or, la réforme annoncée, axée sur la logique comptable des suppressions de postes,
n’allait absolument pas dans ce sens. Un exemple : les modules optionnels. Ils vont entraîner d’énormes inégalités entre les lycées. Dans les petits établissements, il n’y aura souvent pas
le choix.
La mobilisation peut-elle durer au-delà des vacances ?
Lucie Bousser. Je le pense. Encore une fois, n’oubliez pas que Xavier Darcos a seulement dit que cette réforme était repoussée. Pour l’instant, on a juste réussi à sauver une année ! Sur
le fond, les lycéens ont l’impression que le gouvernement n’a fait que reculer pour mieux sauter. Ils sont donc toujours prêts à se mobiliser. Cette fois, pour obtenir le retrait définitif du
projet et l’arrêt des suppressions de postes.
Êtes-vous inquiète par les dérapages observés dans certaines manifestations ?
Lucie Bousser. Nous condamnons bien sûr cette violence, même, si, à mon sens, elle s’explique. Ainsi, à Marseille, des lycéens en sont à leur cinquième semaine de mobilisation et personne n’en
a jamais parlé ! Ni dans les grands médias, ni au gouvernement qui, en laissant cette colère sans réponse, a une grande part de responsabilité dans les débordements. S’il y avait plus de
considération et plus de dialogue, il n’y aurait pas ce genre de problème. Notons tout de même que cette violence reste marginale. Dans la majorité des endroits, tout se passe
bien.
Quelles actions envisagez-vous au mois de janvier ?
Lucie Bousser. Nous allons en discuter jeudi soir (ce soir - NDLR) lors d’une intersyndicale. L’idée est de mettre en place des mobilisations régulières et récurrentes.
Entretien réalisé par Laurent Mouloud