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Politique - Article paru le 22 novembre 2008 dans l'Humanité

« Ouvrir un grand débat public »

Pour Jean-Luc Botella, secrétaire général de la CGT poste dans les Bouches-du-Rhône, La Poste doit améliorer le service rendu aux usagers.

Marseille,

correspondant régional.

Votre mot d’ordre, c’est « ni privatisation ni statu quo ». En quoi consistent vos propositions contre le statu quo ?

Jean-Luc Botella. La Poste d’aujourd’hui ne nous convient pas. Demandez à un usager qui fait une heure d’attente dans un bureau ce qu’il en pense. À Marseille, certains bureaux sont fermés le samedi matin. D’autres ont été fermés tout court. Il y a eu des reculs concernant le dépôt et la livraison du courrier. La levée s’effectue désormais à 14 heures contre 17 heures auparavant. Celui qui poste sa lettre à 16 heures perd une journée. On peut y ajouter la question des tarifs. On s’oriente déjà vers une tarification bancaire. La qualité d’accueil n’est pas la même pour les populations paupérisées et celles qui ont une meilleure surface financière. Bref, en termes de services rendus à la population, nous sommes en régression. À partir de là, nous voulons ouvrir le débat sur quel service postal ? Quelle modernisation ? Par exemple, il existe une machine qui permet à une lettre postée à Marseille le matin d’être distribuée l’après-midi même. Son utilisation nécessiterait un investissement supplémentaire, en termes financiers comme en termes d’emplois, mais le service rendu serait évidemment amélioré. Voilà pourquoi nous voulons imposer un vrai débat public. Aujourd’hui, domine la conception d’un service plus cher et moins efficace.

Vous parlez surtout de reconquête de ce qui a été abandonné ces dernières années. La Poste ne doit-elle pas évoluer ?

Jean-Luc Botella. La Poste doit s’adapter aux besoins de la population. La société a énormément évolué en trente ans. Aujourd’hui, dans la plupart des couples, les deux membres travaillent. Or, lorsque l’on ferme les bureaux le midi et le soir à 17 h 30, on bloque l’accès de la poste à toute une partie de la population. Certains salariés sont obligés de poser des RTT voire des congés. D’autres encore sont obligés de prendre leur voiture pour se rendre dans un bureau plus éloigné. Pour nous, tous les bureaux des grandes métropoles, comme Marseille, doivent être ouverts le midi et le soir après 17 heures. Dans les zones plus rurales, la question se pose différemment. Là, c’est l’aménagement du territoire - principe fondateur du service public - et tout simplement l’accès aux services postaux qui sont en jeu.

Vous êtes conscients que l’image de syndicats contre le statu quo n’est pas forcément la plus répandue dans l’opinion publique…

Jean-Luc Botella. On nous taxe parfois d’archaïques. Mais est-ce archaïque de pouvoir poster le courrier jusqu’à 20 heures au lieu de 16 heures ? La clé de voûte de notre bataille, c’est l’ouverture d’un grand débat public. Nous voulons que les usagers expriment leurs besoins. On verra ensuite le décalage existant avec la politique actuelle de La Poste.

Entretien réalisé par Christophe Deroubaix

Tag(s) : #Services publics
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