Réforme des lycées : quelle pédagogie ?

Pour faire passer sa réforme du lycée, le gouvernement et son ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, ont visiblement opté pour la marche forcée. Une véritable tactique pour étouffer toute velléité de résistance, toute réflexion différente. Dernière en date des organisations à s’élever à la fois contre cette méthode, et contre ce qu’elle cache, le Centre de recherche et d’actions pédagogiques (CRAP-Cahiers pédagogiques) qui s’inquiète de cette « réforme du lycée, pourtant si nécessaire », mais si « mal engagée » parce que le ministère se refuse à prendre le « temps indispensable pour élaborer, expérimenter, convaincre ».

Précipitation, concertation à des réunions bilatérales entre les seuls syndicats et un chargé de mission - jusqu’à ce que le SNES-FSU quitte ce processus en raison de désaccords profonds - font que le débat public avec l’ensemble des acteurs est étouffé. Le CRAP reproche de plus au ministre de communiquer par des « annonces circulant par toutes sortes de canaux, suscitant l’inquiétude des personnels (…) au détriment de la transparence et de la sincérité ».

Sur le fond, l’association relève de profonds désaccords avec le texte du ministère. Il se focalise sur une réforme de structure, à base de modules, en semblant considérer la révision des programmes comme un détail à régler en quelques semaines, en ignorant complètement les problèmes pédagogiques. Le CRAP s’inquiète de la négligence manifeste montrée par ce projet quant à la liaison entre le nouveau lycée et le collège actuel, ne faisant « aucune référence au socle commun de connaissances et de compétences, pourtant inscrit dans la loi et dont l’acquisition seule peut permettre de bien poursuivre des études dans le nouveau lycée ».

Pour l’association, toute réforme ambitieuse des lycées ne peut passer que par une réflexion de fond « sur les savoirs et les compétences à enseigner » et « sur la façon d’articuler différentes modalités pédagogiques ». Ce qui est impossible sans y « associer fortement les enseignants ». Craignant que ces ambitions soient très loin de celles du ministre, dont « la priorité » semble d’« économiser des postes pour le contenu de sa réforme », le CRAP appelle à une « mobilisation exemplaire » pour la manifestation du 19 octobre.

Dany Stive