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Politique - Article paru le 29 août 2007 dans l'humanité

politique / social - économie

Une voiture en prime… tirée au sort

Automobile . Chasse aux arrêts maladie, tentatives de division des salariés… les dernières trouvailles de la direction de Citroën à Hordain

Les patrons se posent parfois de drôles de questions. Comment inciter leurs employés à venir au travail même s’ils sont souffrants ? Comment empêcher les arrêts maladie ? Préoccupée par ces considérations, la direction de l’usine Citroën Sevelnord à Hordain a décidé de récompenser les salariés peu absents. 766 ouvriers, qui n’ont jamais manqué une journée de travail en trois ans, ont reçu 100 euros de bons d’achat pour les remercier de leur assiduité. Les 2 700 autres salariés de l’usine n’ont rien eu, eux qui avaient eu le culot de tomber malades au moins une fois ces trois dernières années. En plus de la prime, les 766 employés sélectionnés ont participé à un tirage au sort le 7 juillet pour tenter de remporter une Peugeot Tepee flambant neuve, juste sortie de l’usine. C’est un opérateur de l’unité de peinture qui a remporté le gros lot d’une valeur de 26 000 euros, une voiture neuf places alors qu’il venait de se faire voler la sienne.

« La direction a annoncé son intention de récompenser l’assiduité au début de l’année par ces primes », déclare Ludovic Bouvier, secrétaire de la CGT à Citroën Sevelnord. « Nous avons immédiatement jugé cette mesure discriminatoire et nous l’avons dénoncée », ajoute-t-il. Le climat social de l’entreprise s’est dégradé, créant des tensions entre salariés. « Les chèques ont été distribués mi-avril », poursuit le syndicaliste. « La direction venait dans les ateliers pendant les pauses, devant tout le monde. Ils donnaient leur prime à certains en les félicitant de ne pas s’être arrêtés. Et en profitaient pour faire la morale aux autres. » Le délégué CGT est indigné par la violence du symbole. « On ne fait pas semblant d’être malade ou blessé, car il y a souvent des accidents aussi. À partir du moment où c’est justifié par un certificat médical, il n’y a rien à dire. Imaginez un salarié qui a été gravement malade et qui voit son collègue toucher une prime parce qu’il est bien portant ! ». Ludovic Bouvier souligne que la santé des salariés se fragilise. L’effectif permanent de l’usine diminue, la charge de travail s’alourdit… Une prime d’assiduité mensuelle, légale et encadrée, existait déjà pour les salariés : environ 20 euros pour un mois sans absence, la moitié si le salarié manque un jour, plus rien en cas d’absence plus longue.

La CGT a décidé de saisir les prud’hommes pour discrimination. Environ 50 dossiers de salariés sont déjà constitués pour appuyer la plainte. Le syndicat n’exclut pas ensuite une procédure pénale, pour faire condamner l’entreprise. « Ce n’est pas notre priorité mais on pense au pénal », souligne Ludovic Bouvier. « Ce qui nous inquiète c’est de voir que ce genre de « chasse aux malades » se multiplie dans d’autres entreprises ».

Camille Polloni

Tag(s) : #Politique
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