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La compétition [la pensée de Sarkozy !]

Il est très intéressant cet entre-deux tours et il nous faut, finalement, remercier François Bayrou d’avoir, à des fins qu’on pourrait comprendre bientôt, réussi à échapper à l’étranglement mortel dans lequel l’UMP tenait l’UDF.

Il fut un temps où les partis de droite fleurissaient les uns après les autres, telle la très comique " Démocratie Libérale " d’un Alain Madelin lui-même assez rigolo. Le nom du parti en question démontre à lui seul l’inanité du truc.

Dans le grand rassemblement voulu à son service, Jacques Chirac a digéré ces groupuscules les uns après les autres dans une sorte de soupe bigarrée vendue sous la marque unique d’Union pour la Majorité Présidentielle [l’acronyme UMP signifiant aussi " Un Max de Pouvoir " ou " Un Max de Pognon " pour nous autres de gauche].

Le béarnais qui dispose de longue date d’une ligne directe vers les voix divines afin de pouvoir discuter à toute heure de son destin présidentiel, ne s’en est pas laissé conter. Il a repris son tracteur pour s’éloigner dare-dare de cette étouffante main-mise.

Cela lui a quand même pris quatre longues années pour quitter le giron de cette droite devenue monothéiste [Chirac puis Sarkozy] ce qui nous laisse supposer quelques problèmes de redémarrage de l’engin de labour, sans doute laissé trop longtemps au repos. A moins que sa Madone personnelle n’ait été quelque peu joueuse…

Quoiqu’il en soit, le voilà aujourd’hui à la tête d’un rassemblement de 18% des électeurs qu’il a réussi à convaincre que le ni-ni était une posture constructive et moderne et dont il entend bien, à présent, défendre honorablement les choix.

La candidate de la gauche disposant, à l’intérieur de son pacte présidentiel, de plusieurs éléments de changements conformes à ses vœux, il a décidé de la rencontrer afin d’en discuter. Ils ont ensemble déterminé qu’une information des électeurs est préférable à de minables arrangements de couloirs et souhaitent donc que soit télévisé leur dialogue.

A ce titre, on peut tout de même souligner combien cette envie de rencontre et de discussion s’inscrit dans une manière neuve de faire de la politique. Reconnaître qu’au delà des confrontations rendues nécessaires par l’enjeu électoral du premier tour, on peut ne pas être ennemi et se parler en face à face, est une excellente avancée en ce sens.

Malheureusement, Nicolas Sarkozy qui, d’après la presse étrangère, est célibataire depuis quelques temps, espérait lui aussi rencontrer la future présidente de la république. En homme blessé d’être éconduit et en ultra-narcissique qu’il est, il rappelle partout que le seul débat possible c’est avec lui et uniquement avec lui et que ce sera le 2 mai.

Pour expliquer cela au bon peuple de France, il utilise comme toujours des mots simples afin de se bien faire comprendre de la plèbe hexagonale. Il choisit ainsi à longueur d’interview, la parabole sportive de la finale de la Coupe du Monde de football où ne jouerait que les deux derniers qualifiés.

Et, comme je le disais plus haut avant de vous replacer tout cela dans la perspective, c’est là que cet entre-deux tours est riche d’enseignement. Car, par l’analogie qu’il fait entre politique et pratique sportive, Nicolas Sarkozy nous montre combien, loin du débat d’idées, loin de la richesse des échanges rendus possibles par cet enjeu électoral majeur, il n’est, pour sa part que sur le seul terrain de la conquête et du rapport de force.

A ses yeux, l’éviction de François Bayrou du premier tour par le choix avéré des électeurs, entraîne de manière quasi automatique, voire obligatoire, l’élimination pure et simple de ses propositions. Tout comme un simple club de football de onze gugusses en short, François Bayrou devrait, d’après lui, se contenter de rentrer au vestiaire et de ranger ses crampons.

Pas un instant, cet olibrius fumeur de cigare ne semble capable de placer sa propre pensée sur un autre terrain que celui de la confrontation puis de l’élimination d’un des deux adversaires. Pas une seule seconde, il n’imagine que deux forces politiques, conscientes de leurs différences mais attachées à proposer à notre pays une vision claire et porteuse d’avenir puissent ouvrir un dialogue sur le meilleur moyen d’y parvenir.

En cela, Nicolas Sarkozy nous démontre, sans même s’en rendre compte, combien il est un homme du passé porteur et continuateur du chiraquisme et de ses tromperies électorales dont nous sortons épuisés [Par exemple : Où en est la fracture sociale dont le Président sortant s’était emparé en 1995 ?].

Car, l’autre pendant de son analogie, révèle qu’il joue la campagne électorale tout comme il jouerait au football, c’est à dire dans le but, non pas de guider le pays sur la voie d’un renouveau nécessaire, mais simplement dans celui de gagner la coupe à la fin du match.

Devenir Président de notre république est pour lui une sorte de trophée à poser sur la cheminée, une victoire finale qui n’ouvre sur aucun autre enjeu que la victoire elle-même.

Ecoutez la liste des différents partis venus en soutien à la future présidente Ségolène Royal telle que l’énumèrent les différents seconds couteaux de l’UMP, cela va des trostkistes jusqu’aux écolos, des communistes jusqu’à une grande part de l’ex UDF et vous comprendrez combien Nicolas Sarkozy représente un danger pour notre république.



De : Filaplomb
vendredi 27 avril 2007


Tag(s) : #Battre la droite
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