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Lutte pour l’abolition de la grande pauvreté

lundi 5 août 2013, par Céline Tabou

Dimanche matin s’est déroulé à l’Espace Citoyen de Saint-Paul, le premier Conseil municipal des pauvres. Gilmée Vochré a été élu maire de Saint-Paul lors de cet évènement. « Je suis la maire des pauvres et non des plus riches », a déclaré la maire lors de sa nomination.

Le comité de l’Appel de l’Ermitage a décidé de mettre en place ce conseil dans l’ensemble de l’île, afin d’inciter les « pauvres à s’exprimer et à donner leurs avis » . L’objectif est également de « mutualiser les moyens » et de « se réunir pour apporter des solutions » , a expliqué Raïssa Noel, présidente de séance.

Les pauvres doivent « prendre toute leur place »

Cette dernière a rappelé qu’à la veille du 20 décembre 2012, « des pauvres venus de toute l’île se sont réunis à l’Ermitage Saint-Paul, pour lancer un appel en faveur de l’abolition de l’extrême pauvreté à La Réunion, avant 2015 » . La France fait partie des états signataires des Objectifs du Millénaire pour le Développement, mis en place par les Nations Unies, en l’an 2000. Le premier objectif proclame « l’éradication de l’extrême pauvreté dans le monde » , d’ici 2015, a précisé Frédérique Técher. Depuis décembre 2012, le Comité de “l’Appel de l’Ermitage pour l’abolition de l’extrême pauvreté à La Réunion avant 2015” a entrepris plusieurs actions, notamment un courrier envoyé au Président de la République « en lui réclamant 6 décisions politiques primordiales », le 19 mars 2013 à la préfecture.

Ces six décisions prévoient : de “procurer un reste à vivre supérieur à 10 euros par jour à chaque Réunionnais, soit 300 euros mensuels, nets de charges ; d’effacer la dette des plus pauvres ; de proposer à chacun un logement adapté, digne et décent ; de supprimer la loi qui oblige les enfants à rembourser l’allocation vieillesse des parents ; d’assurer à chacune une activité de proximité qui leur permettra d’avoir une retraite décente ; et de sortir de la pauvreté par le développement des Activités Génératrices de Revenus”.

Le comité a également remis une pétition ayant récolté près de 3.000 signatures au député européen, Younous Omarjee, pour « protester contre la réduction du Fonds européen d’Aide aux plus démunis, le 4 juin 2013 » . Le comité a participé avec 13 autres associations, « à la revendication du maintien du RSTA et la tenue d’une table ronde sur le sujet, le 10 juin 2013 » et inauguré un cycle de conférences mensuelles visant à « former et informer les pauvres des moyens d’abolir l’extrême pauvreté à La Réunion avant 2015. Ces conférences s’étaleront du 20 juillet à décembre 2013 » .

Enfin, le comité a appelé « les pauvres de La Réunion, qui représentent plus de la moitié de la population réunionnaise, à prendre toute leur place à l’occasion des élections municipales de 2013, à ne laisser personne parler d’eux sans eux : les pauvres et la pauvreté doivent devenir le sujet n°1 de ces élections ! » .

Changer les conditions de vie des Réunionnais

Lors de ce Conseil municipal, cinq délibérations ont été toutes votées à l’unanimité. Elles ont porté sur l’abolition de l’extrême pauvreté avant 2015, l’abolition des privilèges financiers des élus ainsi que la représentativité sociale qui doit se traduire par la présence des pauvres sur les listes électorales.

Des propositions ont été faites comme la création d’un centre communal d’activités génératrices de revenus et l’accueil des services publics en créole. Ces sujets ont suscité des débats, notamment la délibération portant sur les privilèges des élus. « Le bulletin de vote des pauvres fait l’élu qui s’enrichit et obtient des privilèges » , a indiqué un membre du Conseil.

D’autres ont expliqué qu’un bulletin de vote avait une valeur : « le bulletin de vote d’un pauvre n’est pas moins que le bulletin d’une autre personne, mais il faut savoir qu’un bulletin a un prix : il rapporte 1,15 euro. Alors la personne se déplace, vote et c’est l’élu qui empoche le bulletin et le montant du bulletin » , s’est indignée Julie. Sur la question des privilèges des élus, le cumul des mandats est revenu sur le tapis. Pour Simone, « les élus sont les plus sur-rémunérés », il est important pour cette dernière que le non-cumul soit rapidement mis en place.

D’autres débats ont émergé sur la création d’un fonds pour les pauvres, dont le montant sera issu des indemnités des élus. L’objectif de ce centre communal d’activités génératrices de revenus est de « créer des revenus pour et par nous-mêmes, car on est capable de créer de l’emploi » , a indiqué Hervé. Une remarque abondée par Raïssa Noel qui a précisé qu’il s’agit de « sortir de l’assistanat », car « par l’emploi, on peut revaloriser les moyens et les conditions de vie des Réunionnais » .

Cette dernière a précisé qu’au-delà de militer pour endiguer l’extrême pauvreté, il s’agit de « militer pour la dignité humaine » des Réunionnais. Le prochain Conseil municipal des pauvres devrait élire une autre personne, car cette fois-ci la maire Gilmée Vochré représente un symbole : « elle ne parle pas français, vit dans des conditions difficiles, a fait grandir des enfants et a voté toute sa vie » . Elle était fière de faire partie de la délégation qui avait rencontré les représentants du Préfet, le 19 mars 2013, pour remettre la lettre à François Hollande.

Céline Tabou

http://www.temoignages.re/premier-conseil-municipal-des-pauvres-a-saint-paul,69326.html
La Réunion : conseil municipal des pauvres à Saint-Paul
Tag(s) : #Société
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