Jardins partagés : un lieu de rencontre et d'échanges

Du vert pour créer du lien

Article paru dans La Marseillaise du vendredi 19 avril 2013

Petits bouts de nature coincés entre Saint-Antoine et le Plan d’Aou, les jardins partagés du Cosmos-Foresta se veulent un lieu de rencontre et d’échanges.

Des gamines qui arrivent de leur stage cinéma en riant pour partager un pique-nique dans le jardin, un habitant de la cité voisine qui vient cultiver son lopin de terre, un gros chien noir, affalé sur le perron, qui profite du soleil, des caresses de qui passe et de la bonne odeur de cuisine, tandis que des artistes règlent les derniers détails de leur projet autour d’une grande table de bois... Nichée au pied du plateau du plan d’Aou (15e) la Gare franche c’est un peu la maison du bonheur. C’est là, dans cette villa typique du début du XXe siècle et dans l’usine de fûts métalliques en contrebas que s’est installée la compagnie du Cosmos Kolej il y a une dizaine d’années (lire également ci-dessous).
Parce qu’elle se veut depuis son implantation un « trait d’union » entre le noyau villageois de Saint-Antoine et la cité, explique Bérangère Chaland, en charge de l’action culturelle de la compagnie, la résidence d’artistes laisse les riverains traverser la propriété comme bon leur semble. Elle s’est aussi lancée voilà quelques années dans la gestion de jardins partagés et inaugure demain un troc de plantes. Un petit événement pour Dominique Reinosa, en charge du projet depuis presque deux ans, qui marque le début d’une modeste réussite. « Tout a commencé en 2003 avec un atelier d’alphabétisation des femmes basé sur la cuisine, à force de venir, elles nous ont demandé si elles pouvaient planter des aromates », raconte Dominique.

Des jardiniers adeptes du légume maison

Aujourd’hui, pas moins de 53 parcelles, de 20 mètres carrés chacune, ont été allouées aux habitants, aux travailleurs du 15e arrondissement sans oublier l’atelier jardinage du collège voisin. Dont 43, après inauguration vendredi dernier de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « les Jardins du Cosmos-Foresta », sont désormais officiellement partie intégrante du patrimoine végétal de la Ville de Marseille. « Artistes et jardiniers cohabitent », explique Dominique qui veille à l’animation des lieux. « On initie ceux qui n’y connaissent rien mais sont plein de bonne volonté, on conseille sur les plantations et surtout nous sommes présents pour faire avec les gens, c’est fondamental », poursuit la jeune femme. Ateliers intérieurs de rempotage en hiver, débroussaillage des parcelles sont autant d’activités organisées pour « entretenir la flamme ».
La bêche à la main, Serge n’a pas vraiment besoin qu’on le pousse pour venir au jardin « tous les jours ». « Je suis à la retraite,
je suis bien ici », commente-t-il avec un plaisir non dissimulé. « Monsieur Nassri » affiche le même enthousiasme. Après avoir nourri les oies et les poules avec de la « mauvaise herbe », il tient à nous faire admirer son coin à lui. « On mange de bons légumes et ça nous coûte que 20 euros par an de location » résume le vieil homme.
Les carrés de tomates, courgettes ou haricots voisinent avec des plantations de fèves, citronnelle ou gombos, comme autant d’illustrations des origines multiples des jardiniers. Évidemment, aucun pesticide n’est toléré et les toilettes cachées sous les cannes bambou sont sèches. La terre de remblai a juste été enrichie avec du terreau. Pour la déco, chaque parcelle est un petit bijou d’originalité...
L’expérience de la Gare franche a séduit un bailleur HLM, la Logirem, qui lui a demandé d’animer des jardins partagés au pied de la résidence « Les terrasses du Verduron ». Mieux, Dominique a travaillé avec les habitants sur le sentier qui serpente sous la cité du Plan d’Aou. Ce dernier a été agrémenté de bancs, construits en canettes et autres déchets récupérés, des amandiers ont été plantés. Avec vue sur la mer en prime...

Mireille Roubaud

http://www.lamarseillaise.fr/societe-quartiers/du-vert-pour-creer-du-lien-30149.html