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Chili. Contre Allende, ils ont tout fait

Mercredi 11 septembre 2013
L'oligarchie chilienne et les dirigeants des États-Unis ont du mal à accepter la victoire de Salvador Allende. Dès lors, tout est mis en place pour briser l'élan de l'Unité populaire vers un socialisme démocratique, avant qu'il ne soit trop tard. À tout prix...
« UNE BANDE D’ABRUTIS incapables d’apprécier correctement une campagne électorale et de prévoir les résultats. Qu’on me ramène cet ambassadeur de merde (l’ambassadeur US à Santiago – NDLR). Désormais tout se décidera ici. » Le président Nixon, connu pour son vocabulaire fleuri, furieux après l’annonce de l’élection possible de Salvador Allende à la présidence de la République du Chili, entouré de ses principaux conseillers, n’en croit pas ses yeux. Allende est bien arrivé en tête du scrutin avec 36,6 % des suffrages mais seulement très légèrement devant le conservateur Alessandri (35,3 %) alors que le démocrate-chrétien Tomic recueille 28,1 %. L’usage veut que le candidat arrivé en tête soit confirmé au poste de président par le Congrès, alors dominé par les démocrates chrétiens et les conservateurs. Nixon ne décolère pas : si des dispositions ne sont pas prises rapidement, un accord entre l’Unité populaire et les démocrates-chrétiens permettrait l’élection de Salvador Allende.
Branle-bas de combat à Washington, avec un objectif : « faire capoter Allende ». Des patrons, des militaires et des politiques chiliens sont convoqués d’urgence pour la mise au point de la réplique. Le patronat arrive bon premier, suivi de quelques officiers et des chefs des partis de droite avec, en prime, deux démocrates-chrétiens officiellement dissidents, officieusement mandatés par leur direction pour prévoir l’avenir. À la jésuite, une tradition dans ces milieux.
Deux plans sont adoptés dès le 14 septembre.
Track one. Il s’agit de faire élire par le Congrès le candidat arrivé en deuxième position puis de provoquer un nouveau scrutin avec cette fois un candidat unique de la droite.
Track two. Préparation d’un soulèvement militaire et réactivation de l’extrême droite, Patria y Libertad.
Le 25 octobre, le chef d’état-major René Schneider meurt sous les balles lors d’une tentative d’enlèvement. La veille, un accord passé au Congrès
entre la Démocratie chrétienne et l’Unité populaire a débouché sur l’élection de Salvador Allende. Les premiers plans américains ayant échoué, une deuxième partie s’annonce.
Conformément à son programme électoral, Salvador Allende prend rapidement une série de mesures : plusieurs entreprises sont nationalisées parmi lesquelles les mines de cuivre ainsi que 9 banques sur 10. En préparation, une réforme agraire, l’extension de la sécurité sociale, tandis que le divorce est légalisé. La droite s’enflamme, l’Église excommunie à la pelle, le patronat organise les pénuries. Les bourgeoises et leurs domestiques descendent des beaux quartiers en tapant sur des casseroles. Le prix du bcuivre baisse, le syndicat patronal des camionneurs bloque les routes. La presse, presque totalement aux mains de l’oligarchie, tire à boulets rouges sur l’Unité populaire, tandis que la Démocratie chrétienne se rapproche de la droite dure. Et pourtant, lors des élections intermédiaires, l’Unité populaire enregistre des scores en nette progression. Pendant trois ans, les pires exactions sont commises contre l’Unité populaire et Salvador Allende : calomnies, pénuries organisées, grèves patronales, assassinats…
Rien n’y fait. L’Unité populaire tient bon. Pour les fascistes chiliens et leurs commanditaires yankees, il ne restait plus qu’un sale coup à faire : le coup d’État militaire.
« Le programme de gauche tenait la route » Guillermo Teillier, président du Parti communiste du Chili (PCCh). « La peur d’une victoire de la gauche à la présidentielle avait poussé la droite, et les Américains, à soutenir la Démocratie chrétienne. C’est à partir de cette époque que se constitue l’UP, regroupant socialistes, communistes, radicaux, Mapu, qui aboutira à la victoire d’Allende, en 1970. Malgré un résultat serré, les Chiliens ont voté pour un programme de transformation profonde : nationalisation du cuivre, des banques, mesures à caractère social, contrôle des travailleurs dans les entreprises, réforme agraire. De grands projets sont lancés mais la droite a orchestré une campagne de déstabilisation et d’attentats. En 1971, bien que le gouvernement Allende soit minoritaire, l’UP a obtenu plus de 50 % des voix aux municipales. Cela voulait dire que son programme tenait la route. »
Lire aussi : [2]
Le hors-série Chili, l'espoir assassiné à commander ici [5]
José Fort
URL source: http://www.humanite.fr/monde/chili-contre-allende-ils-ont-tout-fait-548672
Histoire : Au Chili, ils ont tout fait contre Allende
Tag(s) : #Histoire
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