Un an après, les Egyptiens fêtent une révolution inachevée
Rédaction Web
25 Janvier, 2012
Des milliers d'Egyptiens convergeaient ce mercredi vers la place Tahrir, au Caire, pour fêter le premier anniversaire du début de la révolution
égyptienne qui a renversé le président Hosni Moubarak. Révolutionnaires de la place Tahrir d'un côté, islamistes et armée de l'autre, chacun a prévu de commémorer l'événement, pour mieux
s'emparer de son héritage.
Des milliers de libéraux, de partisans de gauche et citoyens ordinaires ont organisé des cortèges partant des quartiers populaires du Caire pour parvenir
tous sur la place symbole de la révolution, au centre du Caire. Ces mouvements pro-démocratie, qui étaient les moteurs de la révolte, ont affirmé être là pour poursuivre leur révolution
inachevée et demander le départ du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Egypte depuis la démission de M. Moubarak. Le CSFA est notamment accusé d'utiliser les mêmes
méthodes répressives que celles du régime du Raïs, et de protéger des caciques de l'ancien pouvoir.
"Célébration du premier anniversaire", pouvait-on lire sur une énorme banderole sur la place, où des "comités populaires" fouillaient les gens qui s'y
rendaient. "Chute du pouvoir militaire", disait une autre.
"Qui saisira l'âme de la révolution?"
La grande question, qui s'étalait en une du journal hebdomadaire francophone Al-Ahram Hebdo, est: "Qui saisira l'âme de la révolution?". Les Frères musulmans
étaient eux-aussi présents dans le cortège. Pas question pour eux qui ont pris le traind e la révolution en route de demander à l'armée de retourner dans ses casernes. Depuis les
dernières législatives, ils dominent désormais le nouveau Parlement.
L'armée participe aux festivités
L'armée elle aussi s'est joint à la commémoration, en organisant des célébrations et même une parade aérienne au-dessus du Caire. En signe d'ouverture et
pour se démarquer de l'ancien régime de Moubarak, le maréchal Hussein Tantaoui, chef du CSFA, a annoncé mardi la fin partielle de la loi très décriée sur l'état d'urgence, en vigueur
depuis l'assassinat d'Anouar el-Sadate en octobre 1981.
La date symbolique du 25 janvier, autrefois "jour de la police", est devenue "journée de la révolution" et a été décrétée jour férié, en souvenir des
manifestations qui ont mené à la chute du raïs le 11 février. Les forces de sécurité ont indiqué qu'elles se tenaient en état d'alerte en cas de "tentative de sabotage" de la célébration,
alors que le ministère de l'Intérieur a affirmé qu'il n'y aurait aucune présence policière sur le lieu du rassemblement.
Human Rights Watch critique la levée partielle de l'état d'urgence. La levée partielle de la loi sur l'état d'urgence, entrée en vigueur ce
mercredi, est une "invitation à la poursuite des mauvais traitements" et peut être utilisée pour étouffer les libertés, estime mercredi Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué: "C'est
une insulte à tous ceux ayant appelé à un retour à l'état de droit que de (...) garder en place l'état d'urgence, utilisé de façon abusive pendant tant d'années." L'ONG dénonce les chefs
militaires actuels, qui "ont régulièrement qualifié les manifestants de "voyous" et les tribunaux militaires ont condamné des militants pacifiques à l'issue de procès injustes".
-
A lire:
Notre dossier consacré à l'Egypte [3]