Selon une étude rendue publique jeudi par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), les conditions de travail des jeunes durant l’été se dégradent de façon inquiétante.
Entre 2007 et 2010, la proportion des jeunes voulant travailler l’été mais n’ayant pas trouvé de jobs a doublé (de 10 % à 21 %) ; 16 % de ceux qui ont été embauchés l’ont été sans contrat de travail (14 % en 2007) ; 18 % se sont vu refuser leur jour de repos hebdomadaire obligatoire (11 % en 2007), et 20 % n’ont pas été payés pour les heures supplémentaires effectuées. (à lire aussi: Un emploi saisonnier ne peut durer un an [1])
Ce sont les principales données du « baromètre » sur les jobs d’été [2] que la Jeunesse ouvrière chrétienne a rendu public. À l’origine de cette dégradation, la crise, qui a augmenté la concurrence entre les jeunes et favorisé les pratiques frauduleuses des employeurs. Mais aussi la méconnaissance par ce public du droit du travail. « Certains jeunes ignorent même qu’un contrat est obligatoire », affirme ainsi Stéphane Haar, le président de la JOC.
Autre difficulté, l’isolement. Plus éloignés de l’activité syndicale, les jeunes saisonniers se retrouvent souvent seuls face à leur employeur. Les procès aux prud’hommes sont donc rares. Pourtant, le préjudice va bien au-delà des impayés. Le job d’été est souvent le premier contact avec le monde du travail. Selon Stéphane Haar, « l’effet le plus pervers est la déformation de l’image que les jeunes ont du milieu de l’emploi. Ces mauvaises conditions de travail sont considérées comme la norme et de plus en plus acceptées. D’autant que, pour la jeunesse, le CDD saisonnier se généralise bien au-delà de la période estivale ».
Chaque été, dans plusieurs grandes villes, la JOC met donc en place des points d’accueil pour informer, voire accompagner les jeunes saisonniers dans leurs démarches (www.joc.asso.fr [3]). Au-delà, l’association milite pour le renforcement des contrôles, la mise en place de maisons des saisonniers, ou encore pour l’instauration de cours du droit du travail dans les collèges et lycées. Une mesure promise par le gouvernement dès 2009, mais toujours pas mise en place…
- Pour aller plus loin, à lire:
--> Flambée de la précarité [4]