"Le gouvernement doit entendre le peuple"
«Le pays s’oppose majoritairement à votre réforme des retraites, c’est pourquoi aujourd’hui, solennellement, nous nous adressons au président de la République pour lui demander de suspendre nos débats sur son projet de loi et d’engager enfin un véritable dialogue avec les organisations syndicales pour construire une autre réforme», ont déclaré ensemble dans l’hémicycle, hier après-midi, Nicole Borvo Cohen-Seat pour les élus communistes et du Parti de gauche, Jean-Pierre Bel pour les socialistes et Yvon Collin pour les sénateurs du Rassemblement démocratique et social européen. Pour la sénatrice communiste, «quand il y a un tel hiatus entre le gouvernement et le peuple, il faut écouter le peuple». Jean-Pierre Bel ajoutant que «jamais un gouvernement n’est resté aussi sourd à ce qui s’exprime en profondeur dans le pays». Une nouvelle preuve de cet autisme a été donnée par la réponse d’Éric Woerth, ministre du Travail, qui, plein de morgue, déclare : «Nous ne suspendrons pas, quelle drôle d’idée», avant d’affirmer, contre toute vérité, «nous avons été au bout du dialogue social avec les syndicats» ! Après Gérard Longuet, patron des sénateurs UMP, Éric Woerth affirmait une nouvelle fois que le projet du gouvernement visait à garantir l’avenir de notre système par répartition. Seulement les débats sur les articles mettent à jour les mensonges du gouvernement sur ces véritables intentions. Ce que met en évidence Guy Fischer, sénateur communiste : «Cette réforme, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, est une véritable entreprise de sabordage de notre système par répartition.» La mise en place de l’épargne retraite, le vote à venir de l’article 3 stipulant que le projet de loi se donne pour objectif «un changement systémique» en témoigne. Selon les élus de gauche, le gouvernement veut faire la démonstration d’ici à 2018, où le déficit demeurera, de l’échec du système actuel pour imposer demain la retraite par capitalisation. Une privatisation de nos retraites en totale contradiction avec les exigences du mouvement social. Ce qui justifie pleinement, pour les élus de gauche, leur demande de suspension. En attendant, le débat se poursuit pour un vote possible au Sénat vendredi et un travail avec l’Assemblée nationale la semaine prochaine.