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Article paru dans la Marseillaise du jeudi 26 avril 2012 

LA LEPENISATION DE SARKOZY S’ACCELERE
Photo archives LM
Toujours donné battu par les sondages, le candidat de l’UMP reprend la plupart des thèses développées par le Front national.
Plus rien ne l’arrête. Depuis dimanche, le candidat Sarkozy n’a qu’un objectif : draguer les voix du Front national. Tous les moyens sont bons pour le chef de l’UMP. Au point de fait sortir François Bayrou de sa discrétion.
Le président-candidat multiplie les clins d'oeil sur sa droite. S'il a assuré sur France Info qu'il n'y aurait "pas d'accord" avec le Front national et "pas de ministres" FN dans son futur gouvernement s'il était élu, Nicolas Sarkozy a redit qu'il se refusait "à diaboliser des hommes et des femmes qui, en votant pour Marine Le Pen, ont exprimé un vote de crise".
"Je dois en tenir compte, je dois les écouter, je dois les entendre et pas considérer qu'il faut se boucher le nez", a fait valoir le candidat qui était parvenu en 2007 à siphonner une large part de l'électorat FN. Mais beaucoup ont fait un aller-retour, écoeurés par les conséquences de la politique du locataire de l’Elysée. Alors, pour convaincre les électeurs de Marine Le Pen, il a sorti hier à Cernay son chiffon rouge. "La question n'est pas de faire peur", a-t-il dit, mais s'ils "ne nous rejoignent pas, ils auront la politique exactement contraire à l'avertissement qu'ils ont voulu donner".

Le vote des étrangers

Nicolas Sarkozy s’est ainsi saisi de la promesse de la gauche d'instaurer le droit de vote aux élections locales pour les étrangers non communautaires. Le président-candidat et son camp pensent ainsi tenir l'arme fatale pour déjouer les pronostics de victoire de François Hollande.
Ce dernier a confirmé hier matin que cette réforme, qui ne "constitue pas une priorité" selon Ségolène Royal, serait bel et bien menée avant les municipales de 2014.
"Ces femmes et ces hommes (les électeurs FN), je suis dans mon devoir de républicain candidat en leur disant « si vous ne participez pas au vote, si vous ne nous rejoignez pas, alors vous aurez le droit de vote pour les immigrés en France", a lancé Nicolas Sarkozy à Cernay. Lui-même s'y était, pourtant, dit favorable en 2001 et 2005.
Avant lui, François Fillon et Jean-François Copé ont eux aussi dit tout le mal qu'ils pensaient de cette promesse de François Hollande. Le Premier ministre sur un mode "soft", en plaidant que "la citoyenneté ne se découpe pas en tranche". Le secrétaire général de l'UMP en en faisant une "ligne rouge, un symbole absolu de cette idée de la France qui n'est pas la nôtre".
Nicolas Sarkozy a aussi accusé son adversaire socialiste d'avoir "dit hier soir à la télévision « je régulariserai tout le monde », parce que la régularisation au cas par cas c'est tout le monde".

L’appel inventé

Sur cette même tonalité, l'a direction de l’UMP a ouvert un autre front, via les députés Franck Riester et Eric Ciotti, en dénonçant un supposé "appel de 700 mosquées" à voter pour François Hollande. Mensonge. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a assuré ne pas avoir trouvé trace de cet "appel".
Mais dans son camp, de plus en plus d'élus doutent de la pertinence de cette stratégie. "C'est le discours d'un jeune frontiste qui a de l'avenir", s'amuse un ancien ministre. "Nicolas Sarkozy se trompe", juge, plus sévère, un député de l'UMP, "ceux qui ont rejoint le FN sont d'abord des déçus de ses promesses sur l'emploi et le pouvoir d'achat. Et ça, il n'en parle pas assez".
Cette stratégie est à double-tranchant en risquant d'agir comme un repoussoir pour des électeurs centristes, dont Nicolas Sarkozy aura aussi besoin pour atteindre les 50% et l'emporter. Avant même de donner une éventuelle consigne de vote de 2e tour, l'ex-candidat centriste François Bayrou a pris nettement ses distances avec la campagne du président sortant . "Cette course ventre à terre derrière les thèses du Front national est humiliante » a-t-il déclaré. "En insistant lourdement sur l'immigration et la sécurité, il perd au centre ce qu'il espère gagner à l'extrême droite", s'agace un élu centriste.

C.D.
Tag(s) : #Politique
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