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L’Irak

 


Irak : les majors  se partagent les champs pétroliers !

La vente aux enchères de dix champs pétroliers irakiens s’est ouverte aujourd’hui 11 décembre et se déroulera jusqu’à demain. Plus de quarante compagnies étrangères, les grandes majors en première ligne, espèrent bien tirer leur épingle du jeu.

Que le meilleur gagne. L’après guerre se dessine pour l’Irak alors que les troupes américaines sont encore sur place. Aujourd’hui, vendredi 11 décembre, la vente aux enchères de dix des principaux champs pétroliers irakiens a commencé et se poursuivra jusqu’à demain, présidée par Hussein Chahristani, le ministre irakien du pétrole. Le premier grand appel d’offre avait été lancé à la fin du mois de juin dernier et avait permis d’ouvrir à la concurrence internationale ces ressources nationalisées depuis 37 ans sous le régime de Sadam Hussein.

Cette vente était très attendue depuis le début de l’invasion américaine, et de nombreuses majors avaient refusé de signer les contrats cet été, après le premier appel d’offres, en raison des conditions imposées par les autorités irakiennes notamment sur les prix. La vente des plus vastes réserves pétrolifères du pays a été décidée par le gouvernement mis en place par les forces d’occupation. Les multinationales espéraient pouvoir être rémunérées de l’ordre de 4 à 5 dollars par baril extrait. Le gouvernement irakien s’était montré intransigeant, forçant les entreprises à revoir leurs ambitions à la baisse, en accordant une rémunération autour de 2 dollars par baril. Seul le groupe britannique BP, en partenariat avec le chinois CNPC, avait accepté de jouer le jeu pour la mise en valeur de Roumaïla, qui recèle 17,7 milliards de barils soit les plus grandes réserves de pétrole du pays.Toutefois l’enjeu irakien est trop important et en novembre des accords ont été signés ; la compagnie italienne Eni (associée à l’américaine Occidental Petroleum et à la sud-coréenne Kogas) montre l’exemple suivie par ExxonMobil et Shell.

Un eldorado au prix de la reconstruction nationale

Les majors savent qu’elles ne peuvent pas être absentes d’Irak. Troisième réserve mondiale d’or noir, L’Irak possède 9,1% des réserves mondiales (115 milliards de barils), derrière l’Arabie Saoudite (264 milliards) et l’Iran (130 milliards). Mais le territoire n’a pas été intégralement exploité, et les réserves pourraient être supérieures. Sur l’ensemble de ces réserves, 41,2 milliards de barils sont proposés lors de cette vente aux enchères. Des richesses considérables qui devraient permettre au pays de rejoindre le rang des plus grands producteurs mondiaux. Dans un contexte mondial de raréfaction de la ressource, le potentiel exceptionnel irakien suscite l’envie. Les grandes compagnies pétrolières de l’Occident sont au rendez vous, la lutte pour obtenir l’or noir est sans merci. Quarante quatre entreprises participent, des compagnies occidentales, russes et asiatiques, dont les « majors » Total, Exxon Mobil et Royal Dutch Shell.

Pour l’Irak, la question est vitale. La reconstruction du pays, dont le coût est estimé à 600 milliards de dollars (407 milliards d’euros), repose en grande partie sur l’espoir des recettes pétrolières. La pression exercée sur les majors étrangères est à la hauteur de cet enjeu. Sur les trois champs super-géants déjà attribués (Roumeïla, Zubaïr, Qourna), elles se sont engagées à quadrupler la production (de 1,5 à 6,3 millions de barils par jour). Bagdad joue le jeu de la concurrence pour faire monter les enchères.

Shell remporte le puits de Majnoun devant Total

Les réserves de l’immense champ de Majnoun, au sud de l’Irak, sont estimées à 12,58 milliards de barils, plus de 10 % des réserves du pays. Très convoité par Total, c’était le premier à être mis aux enchères mais c’est finalement le consortium composé de l’Anglo-néerlandais Shell et du malaisien Petronas qui remporte la partie. Le consortium franco- chinois, né de l’association de Total et de CNPC proposait d’être rémunéré de 1,75 dollar par baril supplémentaire en portant la production à 1,405 millions de barils par jour d’ici 6 ans. Mais Petronas- Shell propose mieux, une rémunération de 1,39 dollar par baril et une production boostée à 1,8 millions de barils par jour. Le Champ gigantesque ne produit à ce jour que 45900 barils par jour. C’est déjà le deuxième champ remporté par Shell sur le territoire, puisqu’en novembre dernier, la grande multinationale avait obtenu l’exploitation du Champ pétrolier de Quourna-Ouest 1 dont les réserves sont estimées à 8,5 milliards de Dollars.

Le champ de Halfaya, dans le sud près de l’Iran, avec 4,1 milliards de barils a été adjugé au consortium conduit par le chinois CNPC. Reste encore aujourd’hui à décider du sort de celui de Bagdad-est, estimé à 8,1 milliards de barrils ; et de deux autres plus petits, Quaiyara au nord avec 0,80 milliard de barils de réserve et Eastern Fields à l’est avec 0,36 milliard de barils. Demain la décision portera sur cinq autres champs, parmi lesquels le champ géant de Quourna-Ouest deux qui a lui seul recèle 12,8 milliards de barils de réserve.

L’hostilité de la population irakienne

L’esprit de conservation du pétrole comme une ressource nationale est très forte parmi les irakiens, malgré les restrictions qu’impose le pouvoir irakien actuel avec la mise en concurrence des entreprises étrangères. Pour la majorité de la population, les entreprises étrangères ne sont là que pour piller les ressources nationales. De fait, 10 à 15% des financements des projets d’exploitation lancés par les grandes compagnies sont consacrés à la sécurité des structures et des lieux, confiée à des milices privées destinées à relayer l’ordre assuré par l’armée américaine actuellement. C’est à ce prix que la communauté étrangère réussit à mettre la main sur le pétrole irakien. Sans compter qu’au moment où à Copenhague, se joue l’avenir de la planète, l’augmentation de la production mondiale de pétrole laisse de tristes perspectives aux ambitions énergétiques de demain.

Lucie Servin

1 baril =159 litres, prix actuel varie autour de 75 dollars le baril brut


http://www.humanite.fr/L-Irak-a-l-heure-de-la-curee
Tag(s) : #Economie
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