Egypte : la place Tahrir reste occupée
Des manifestants ont bloqué lundi l'accès des fonctionnaires à un édifice gouvernemental situé sur la place Tahrir au Caire devenue un symbole de la contestation en près de deux semaines de révolte pour exiger le départ du président Hosni Moubarak.
Cet après-midi, le nouveau gouvernement égyptien a approuvé une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires ainsi que des retraites des militaires et des civils, a annoncé lundi le ministre des Finances. Ces augmentations entreront en vigueur à partir du 1er avril. «Les augmentations des retraites coûtent au Trésor 6,5 milliards de livres égyptiennes (environ un milliard de dollars)», a précisé le ministre Samir Radwane, selon des propos rapportés par l'agence Mena. Le gouvernement a approuvé également la création d'un fonds à hauteur de cinq milliards de livres (840 millions de dollars) pour compenser les propriétaires de commerces, d'usines et de voitures victimes de vol, de pillage et de vandalisme au cours des manifestations réclamant la chute du président Hosni Moubarak.
Dimanche, les groupes de jeunes à l'origine du mouvement ont annoncé la formation d'une coalition et assuré qu'ils ne quitteraient pas la place Tahrir tant que le président n'aurait pas démissionné. Dans la mégalopole de 20 millions d'habitants, la vie reprenait doucement son cours, de nombreux commerces et banques ouvrant à nouveau leurs portes, et la circulation sur les routes et ponts étant rétablie.
Des manifestants ont toutefois empêché lundi matin des fonctionnaires d'accéder à la "Mugama", un imposant édifice gouvernemental à l'architecture d'inspiration soviétique donnant sur la place Tahrir, en se postant aux entrées du bâtiment. Des protestataires ont affirmé avoir arrêté un homme voulant mettre le feu à ce symbole de l'Etat, pour ensuite imputer l'acte aux manifestants et discréditer le soulèvement populaire. L'homme a été remis à l'armée. Certains des manifestants ont passé une nouvelle nuit sous des bâches autour de chars de l'armée qui bloquent des accès de la place Tahrir, de crainte de voir les militaires manoeuvrer et laisser l'accès aux partisans du président Moubarak ou faire partir les manifestants.
Les opposants qui manifestent depuis le 25 janvier sur la place Tahrir campent cependant sur leur position: ils exigent le départ immédiat d'Hosni Moubarak et prévoient de nouveaux rassemblements mardi et vendredi.
Les Frères musulmans, première force d'opposition mais bête noire du régime, se sont joints dimanche à un dialogue politique national, [1] avec d'autres groupes d'opposition, pour chercher une issue à la crise provoquée par les manifestations incessantes depuis le 25 janvier.
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts entre policiers et manifestants durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro et anti-Moubarak le 2 février, ont fait au moins 300 morts, selon un bilan non confirmé de l'ONU, et des milliers de blessés, selon des sources officielles et médicales.