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Brignoles. Retour sur la visite du secrétaire d’Etat à la Justice au Centre éducatif fermé de la ville

 

« La délinquance est le miroir de la société »

 

Article paru dans La Marseillaise du mardi 24 août 2010

 

Le secrétaire d’État à la Justice, Jean-Marie Bockel, dans le cadre de sa mission sur la prévention de la délinquance juvénile, a visité le centre éducatif fermé (CEF), jeudi dernier, en présence de Sylvie Slodzian, Directrice interrégionale adjointe, Claude Gilardo, Maire de Brignoles, Hervé Poulain, Directeur du CEF, Horace Lanfranchi, Président du Conseil Général, Josette Pons, député, Sylvie Massimi, conseillère régionale et les autorités judiciaires.

 

Créés en 2002, les CEF sont la dernière chance quand on a tout essayé face à un mineur délinquant pour lui éviter d’aller en prison ou d’y retourner. Les mineurs récidivistes sont placés pour six mois par le juge d’instruction ou le juge des enfants dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’un contrôle judiciaire. Celui de Brignoles ouvert fin 2006, est  le seul centre éducatif fermé (CEF) de l’inter-région Sud-Est, un des 42 de France.

 

Hervé Poulain, directeur, présente le centre de Brignoles : « 22 adultes, dont 14 éducateurs forment une équipe solidaire qui suit sept mineurs 24h/24h durant les 365 jours de l’année. Ce centre s’étale sur un hectare, avec des bâtiments fonctionnels, des chambres individuelles, des espaces verts, dans la ville et dans un quartier résidentiel, et possède une capacité de dix places ».

« L’équipe éducative fonde son action sur le rappel à la loi et à la responsabilisation des jeunes. Rééduquer les mineurs dans le cadre de l’ordonnance de 1945, c’est notre objectif. Travailler tous ensemble pour trouver un point d’accroche et redonner du sens à la vie aux mineurs  permet à  70 % des jeunes qui passent au CEF de Brignoles ne pas récidiver. Cela fonctionne » précise Hervé Poulain.  Sa motivation est forte et il est persuadé que la délinquance des mineurs peut être enrayée mais à condition de donner à de telles structures de solides moyens humains et financiers. 

 

« Il faut les occuper et construire avec eux un projet professionnel ». La prise en charge est pluridisciplinaire et s’articule autour de la personnalité du mineur et de son évolution personnelle, tant sur les plans psychologique que familial et social. La pédagogie a pour but l’intégration social, scolaire et professionnelle dans un projet individualisé dont le mineur doit devenir acteur.

Tout est pensé et réfléchi pour réussir la rééducation des pensionnaires  enseignement, formation, activités manuelles et sportives) et les réinsérer dans la société.

 

Baisse des budgets

 

Mais « des interventions extérieures ont été supprimées pour faire des économies » indique un éducateur. « Il n’est pas toujours facile de trouver des écoles, des patrons qui jouent le jeu pour les placements » constate un enseignant.  Le projet de budget 2011 prévoit une réduction de 5% des subventions au  Service associatifs Habilités (SAH) cela veut dire que les prix de journées vont  encore baisser. Que faire avec 10 euros par week-end  pour chaque jeune ? Pas grand-chose.

 

Les jeunes du CEF ont pu dialoguer avec Jean-Marie Bockel. Ils ont 16 et 17  ans  ces adolescents qui sont passés à l’acte mais s’expriment correctement avec une grande maturité. Ils reconnaissent  tous que malgré leurs difficultés, le centre et les éducateurs leur ont permis de comprendre, de s’exprimer, de se sentir valorisé et de construire des projets. La plupart passe le CFG (certificat de formation général) ou un BEP qui leur permette d’intégrer un CFA. Préparer la sortie avec un projet professionnel construit durant les six mois, c’est le moyen d’intégration dans la  société. 
 

« La délinquance est aussi le miroir de la société, de ses dysfonctionnements ». Jean-Marie Bockel a été à l’écoute des intervenants et des personnels qui ont su montrer que le travail d’équipe et les moyens étaient indispensables pour la réussite de ce travail très prenant. Pour lui,  « il ne faut ni angélisme, ni naïveté. La délinquance, chez les mineurs notamment, est le reflet de notre société dans ses dysfonctionnements. Il ne faut pas l’aborder dans l’esprit de peur de la jeunesse, mais dans la confiance. Je fais un travail d’écoute sur le terrain pour aboutir à des propositions. Avec trois priorités : la responsabilisation des adultes, la lutte contre la récidive et la professionnalisation des métiers ».

La restructuration des moyens n’a souvent comme arrière pensée que la diminution des coûts et satisfaire la demande des marchés financiers de réduire les dépenses publiques.

Le rapport que doit rendre le secrétaire d’Etat est attendu en octobre prochain, à l'issue des Assises de la prévention de la délinquance juvénile. A ce jour, les organisations syndicales ne sont ni consultées, ni entendues. Difficile alors, de parler de dialogue social et de prévention quand tous les acteurs ne sont pas associés.

             

L.C

 

Tag(s) : #BRIGNOLES
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