C'est le cri d'alarme lancé par le docteur Marie-Pierre Preckel, présidente de la commission médicale et Marie-France Barbero, secrétaire du syndicat FO
Depuis de nombreuses années, elles officient au sein du centre hospitalier Jean-Marcel avec la volonté d'offrir des soins irréprochables. Dans le même temps, elles sont les porte-parole de leurs collègues. Le docteur Marie-Pierre Preckel, présidente de la commission médicale, Marie-France Barbero et Corinne Rossi, respectivement secrétaire et trésorière du syndicat Force ouvrière, sont donc bien placées pour commenter la situation de l'établissement hospitalier menacé par la future Communauté hospitalière du territoire (CHT) souhaitée par l'Agence régionale de santé (ARS).
Depuis l'appel lancé par Claude Gilardo à manifester le 1er mai, de nombreuses personnes ont signé la pétition « Sauvons l'hôpital ». Confirmez-vous que l'heure est grave ?
Marie-Pierre Preckel : « Non seulement nous le confirmons, mais nous tirons, nous aussi, la sonnette d'alarme. Dès son arrivée, en septembre 2010, M. Deroubaix, directeur de l'Agence régionale de santé, nous a demandé d'envisager un projet médical spécifique à Brignoles sans la chirurgie. Son idée était déjà de démanteler notre établissement. Il passe de la parole aux actes avec la mise en place de la Communauté hospitalière de territoire. »
Comment se finalise l'adhésion de l'hôpital de Brignoles à la Communauté hospitalière ?
M-P. P : « Par la seule signature du directeur de l'établissement apposée au bas du document. Rien n'est demandé au président du conseil de surveillance. Et selon nos renseignements, M. Dassonville serait sous pression pour signer avant le 1er juin. »
Marie-France Barbero : « Le directeur doit présenter le document au conseil de surveillance, à la commission médicale et à la commission technique. Nous nous opposerons à ce projet. »
Pourquoi un tel empressement ?
M-P. P : « Officiellement, nous ne le savons pas. Toutefois, il n'est pas interdit de penser que le directeur de l'Agence régionale de santé souhaite tout mettre à plat avant la visite de Nicolas Sarkozy à Sainte-Musse qui serait programmée au mois de juin ».
Selon vous, cette communauté hospitalière est conçue pour un meilleur fonctionnement du nouvel établissement de Ste-Musse ?
M-F. B. : « Depuis deux ans, nous affirmons qu'à l'ouverture de Ste-Musse, notre service chirurgie fermera ses portes. L'actuelle activité du service de Brunet ne permettra pas de remplir celui du nouvel hôpital. Il est certain que nos bons résultats en chirurgie viscérale mais aussi en orthopédique doivent faire des envieux».
Quels éléments avez-vous présenté depuis des mois à l'ARS ?
M-P. P : « Dans un premier temps, nous avons refusé d'envisager notre établissement sans la chirurgie. Ensuite nous nous sommes basés sur les efforts consentis par les médecins et les personnels pour répondre au plan de retour à l'équilibre budgétaire préconisé par M. Dassonville. Nous avons fait un grand pas puisque le déficit a été ramené à 1,3 Me et l'activité a progressé de 6 %. Visiblement cela ne suffit pas à convaincre l'ARS. »
Comment percevez-vous cette Communauté hospitalière ?
M-P. P : « Nous comprenons la collaboration entre les établissements afin d'améliorer les soins à nos patients. Mais nous sommes formellement opposés à une convention à laquelle nous n'avons jamais été associés. Nous voulons prendre le temps de construire le projet médical. Nous n'abonderons pas dans le sens de cette démarche cachée. »
Est-ce que la fermeture du service chirurgie aurait une incidence sur les urgences et surtout la maternité ?
M-P. P. : « Dans les textes, rien n'est écrit sur la maternité. Mais à terme, on ne peut concevoir un tel service sans qu'un anesthésiste puisse intervenir ou même un chirurgien. Par voie de conséquence, le transfert de la chirurgie est la mort lente de la maternité qui ne serait plus aux normes pour fonctionner. »
Mais que deviendrait le centre hospitalier ?
M-F. B. : « Un immense service de soins gériatrique. »