Ils ne parlent pas le même langage. Ceux qui en doutaient en ont eu la confirmation, jeudi soir, lors de la dernière séance du conseil municipal. En matière de finances, de vision pour Brignoles, la majorité de Claude Gilardo et l'opposition de Jean-Michel Rousseaux sont en parfait désaccord. D'autant plus que le débat sur le budget primitif de la commune se déroule à quelques semaines du premier tour des élections cantonales (1).
Un emprunt de 11 millions
Un budget basé sur de sérieux investissements, puisque cette deuxième phase du mandat est caractérisée par les grands travaux. « Nous avons inscrit 28 millions d'euros de dépenses d'investissement, dont 16 millions pour les équipements. Après une première partie de mandat au cours de laquelle nous avons apporté un plus grand nombre de services publics à la population, il est temps de doter la commune de meilleurs équipements. » Pour ce faire, la municipalité contractera un emprunt de 11 millions d'euros.
Des propos de Richard Ginesy, le grand argentier, appuyés par le maire, Claude Gilardo. « Notre commune a une très bonne santé financière. Tous les indicateurs sont au vert. Notre endettement est à 1 001 euros par habitant et nous permet de profiter de taux exceptionnellement bas pour financer nos grands travaux. En période de crise, les banques se bousculent pour nous prêter de l'argent. Cela prouve que nous menons une politique solidaire et ambitieuse tout en maîtrisant nos dépenses. »
« Une hérésie financière »
Et Claude Gilardo d'insister sur la volonté de « rompre avec le désinvestissement passé, qui porte préjudice à la ville aujourd'hui. »
Il n'en fallait pas plus pour que Jean-Michel Rousseaux montre les dents. « Ce budget est une faute politique majeure doublée d'une hérésie financière. Deux exemples sont révélateurs de la dérive dans laquelle vous vous êtes lancé. Vous inscrivez au titre des frais d'études le chiffre de 857 000 euros, ce qui représente le montant des études réalisées lors des dix dernières années. »
Mais c'est bien la dette qui met le leader de l'opposition en colère : « Vous proposez d'emprunter l'équivalent de la dette totale en une année seulement. Ce qui sous-entend que vous n'avez pas l'intention de réaliser tout ce que vous annoncez. Nous le clamons haut et fort, ce budget est purement électoraliste. »
« Tordre le cou à la rumeur »
Et le porte-parole de la droite brignolaise de reprendre les arguments de l'augmentation des taux d'imposition en 2010, des hausses des charges de personnel et de la diminution de 50 % des virements à la section d'investissement. « Vous avez mis trois ans pour réduire à néant les sept années d'efforts que nous avons consentis pour remettre les finances de la commune à flots. »
Sur ce terrain, Claude Gilardo ne pouvait rester sans voix. « Vous avez peut-être effectué des virements, mais vous n'avez rien entrepris pour améliorer le quotidien des Brignolais. C'est facile ainsi. D'autre part, au niveau des charges de personnel, vous êtes en train de faire courir la rumeur comme quoi nous ruinons la ville, mais je tiens à y tordre le cou. En 2008, vos dépenses de personnel s'élevaient à 57,25 %. Aujourd'hui, nous sommes à 58,43 %. Soit, 1,5 % de plus. Il n'y a rien de dramatique, que je sache. Mais surtout, nous réalisons nos engagements, et c'est bien le minimum pour un responsable politique. »
1. Les élections cantonales auront lieu les 20 et 27 mars. Claude Gilardo, le conseiller général sortant, sera opposé à Jean-Michel Rousseaux (UMP), Jean-Paul Dispard (FN) et Pascal Noël (EELV).