Baisse de la TVA : 6 centimes pour les salariés !

Les syndicats CGT, FO et CFTC, majoritaires dans la restauration, ont décidé mercredi de faire opposition à l’accord salarial conclu la semaine dernière entre le patronat et deux syndicats minoritaires, la CFDT et la CFE-CGC. Ces derniers se disent satisfaits car le salaire minimal de la profession serait pour la première fois supérieur au SMIC. Les trois autres syndicats estiment, quant à eux, que la hausse de rémunération, qui figure parmi les engagements pris par les représentants du patronat en échange de la baisse de la TVA à 5,5 % en vigueur depuis le 1er juillet 2009, est insuffisante. Ange Romiti, délégué syndical CGT au commerce, s’insurge : « L’accord prévoit, pour 60 % des salariés, une augmentation de 6 centimes par heure, soit 9 euros par mois ! Nous sommes bien loin des promesses selon lesquelles un tiers des gains engrangés par la baisse de la TVA serait destiné aux salariés. » Il explique que les seules augmentations significatives seraient attribuées aux employés les mieux payés, comme les directeurs d’hôtel, qui ne représentent qu’une part infime de la profession. La CGT, FO et CFTC proposent une grille de salaires plus équitable, une sixième semaine de congés payés, une mutuelle de santé ainsi qu’un treizième mois. « Ce refus n’est qu’un début, il doit être la base de nouvelles négociations », souligne Ange Romiti.

Pour le gouvernement, cet accord est une réussite. Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé du Commerce, a déclaré hier être « convaincu qu’il y aura une revalorisation salariale dans cette branche, c’était l’un des engagements du contrat d’avenir ». Il s’en remet simplement « à la mobilisation de toutes les organisations professionnelles ». Le secrétaire d’État en a profité pour valoriser le pseudo-bienfait de la baisse de la TVA, en indiquant que sa répercussion est déjà observée dans la moitié des entreprises concernées. « Il ne faut pas oublier de regarder comment elles jouent le jeu. L’hôtel Carlton à Cannes, par exemple, prétend suivre les recommandations du gouvernement en ne baissant que les prix de 7 desserts… » rétorque le syndicaliste. Selon lui, beaucoup de restaurants compensent les hausses de salaires en augmentant leurs marges, au détriment de la qualité du produit. Lorsque Hervé Novelli annonce que les intentions d’embauches ont crû de 40 % depuis avril, le représentant du personnel reste perplexe. « 60 000 emplois sont aujourd’hui disponibles, mais ils n’intéressent personne. Ce secteur n’attire plus. Les conditions de travail, très pénibles, ne sont pas compensées par les salaires, qui restent très faibles. »

Marion Lippmann