Gaza :"Toute autre solution que deux États côte à côte est chimérique"

« Je me suis rendu dans les territoires palestiniens à la mi-octobre, avec l’organisation la Voix de l’enfant, qui agit dans les camps de réfugiés. Nous nous sommes rendus dans la bande de Gaza grâce à l’appui du consul de France, qui nous a obtenu une permission.

Nous nous y sommes déjà rendus en avril, et en y revenant au mois d’octobre, nous avons pu comparer la situation de ce territoire qui a été depuis complètement bouclé. Les habitants sont démunis de tout. L’électricité et l’essence se font rares. L’eau est difficilement utilisable. Le contact avec l’extérieur est coupé. La situation des enfants est dégradée. Beaucoup apparaissent comme sous-alimentés, et sont en mauvaise condition physique.

Nous avons pu parler avec un groupe de Palestiniens, réunis par le chef du Centre culturel français de Gaza, qui depuis quatre ans est en contact avec la population. L’idée était de leur faire rencontrer quelqu’un qui leur parle de la Déclaration universelle des droits de l’homme et qui se fait l’apôtre d’une solution avec deux États côte à côte.

Eux disent que cette solution est la meilleure, bien sûr, mais qu’elle est peu envisageable, parce que l’on ne leur permet pas de s’organiser, qu’ils sont considérés comme sous l’emprise du Hamas, et qu’on ne les considère donc pas comme un interlocuteur valable. Cette solution leur apparaît donc comme hors de portée.

Ce que l’on sent, c’est une montée de la colère, surtout chez les jeunes. On a le sentiment qu’il n’y a qu’un seul homme qu’ils respectent, c’est Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, parce qu’il appelle à la résistance, au combat. [Le président palestinien] Mahmoud Abbas est vécu comme en échec, et le Hamas comme pas assez actif, et que s’il est dans l’action militaire, cela ne rapporte que des bombes.

On revient de Palestine avec deux idées. Premièrement, que la bande de Gaza est fermée. Il n’y a d’ouverture permise d’aucune sorte. Deuxièmement, toute autre solution que deux États est encore plus chimérique que celle de deux États, l’un israélien, l’autre palestinien. Le seul appui que peut apporter la communauté internationale est sur ce point, si elle entend préserver les réalités palestinienne et israélienne. Cela passe par la fin de la colonisation et de l’occupation israélienne, et par une négociation qui consente un État palestinien viable avec donc Jérusalem-Est comme capitale.

La situation des droits humains depuis l’occupation, et même depuis le désengagement de Gaza, est mauvaise. Les droits humains sont contraints et violés par l’occupation en Cisjordanie, et dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, ce n’est pas satisfaisant non plus. Non que le Hamas soit contre, mais il n’y a pas les moyens de pourvoir aux droits élémentaires : à la santé, à l’éducation. Les droits sont violés là où Israël fait prévaloir ses intérêts stratégiques. »

Propos recueilli par Gaël De Santis