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Société - Article paru le 25 novembre 2008 dans l'Humanité

Paris se dote d’une régie publique de l’eau !

Environnement . Les élus de la capitale dénoncent les contrats signés en 1984 par la droite chiraquienne pour créer un véritable service public de l’eau.

Le Conseil de Paris a voté, hier matin, la création d’un établissement public industriel et commercial, une régie municipale qui reprendra les activités de la production d’eau de Paris et celles de la distribution, assurées par le secteur privé depuis 1984, une société d’économie mixte détenue à 70 % par la Ville. Le retour dans la capitale à un service public de l’eau est un symbole fort, à l’heure où les sociétés financières démontrent leurs limites, à l’heure où le gouvernement passe le meilleur de son temps à démanteler les services publics existants au nom de l’efficacité.

Des prix SONT en hausse de 260 % depuis 1985

Lors de la séance du Conseil de Paris, la droite a d’ailleurs bien senti la conséquence politique d’une décision qui va contre ses idéaux. Jean-François Lamour, au nom de l’UMP, a dénoncé un choix « idéologique, parce que vous faites partie des derniers à croire que la gestion publique est synonyme de bas prix ». La gestion publique, « c’est le passé ! » dit, sans rire, Yves Pozzo Di Borgo, au nom du groupe centriste. Pourtant, vingt-quatre ans de gestion privée par les groupes Veolia et Suez ont fait bondir la facture de l’usager (+ 260 % depuis 1985 !) alors que les contrats, passés sans mise en concurrence par la municipalité chiraquienne, ont été régulièrement dénoncés par la Cour des comptes, l’inspection générale de la Ville ou la chambre régionale des comptes. « Vous avez démantelé un service public pour offrir ce que l’inspection générale de la Ville appelle des "rentes de situation" à des groupes privés », a dit la rapporteure de la

délibération adoptée au Conseil, Anne Le Strat. Laquelle rappelle que les gains estimés par la gestion publique sont de l’ordre de 30 millions d’euros par an, dont une moitié constituée de la rente des distributeurs. « J’assume le caractère idéologique de cette décision, parce qu’elle représente un ensemble de valeurs », a-t-elle ajouté. Il s’agit bien d’une « réappropriation de la gestion de l’eau » au nom de l’efficacité, de la bonne gestion, de la démocratie, « un tournant majeur ». Avec l’engagement de stabiliser le prix payé par l’usager, au moins jusqu’en 2014.

« Une voie dans laquelle il faut persister »

Bertrand Delanoë a souligné l’importance de ce bien commun essentiel qu’est l’eau, lequel « exige une gestion efficace et solidaire, fondée sur une maîtrise publique clairement assumée ». Ouvrant le débat après le maire, Ian Brossat, au nom du groupe communiste, s’est dit « fier » de réaliser « un combat de vingt-cinq ans des élus communistes », « fier parce que c’est une occasion pour toute la gauche de se rassembler autour d’un projet et de valeurs de gauche (…). Nous rendons un service public aux Parisiens et c’est un premier pas nécessaire dans la constitution d’un bouclier social que nous appelons de nos voeux ». Il s’agit, a déclaré Jean-Pierre Caffet, pour le groupe socialiste et radical de gauche, « d’un dossier emblématique où une philosophie, celle de la défense d’un service public performant, se conjugue avec l’efficacité économique et la justice sociale ». « Un signal politique », a confirmé Yves Contassot pour les Verts. « Cette remunicipalisation nous montre un chemin, une voie. Il faut persister dans cet esprit. Il faut assumer sa gauche », a souligné Ian Brossat.

Signe des temps, maussades, pour la droite, ses élus ont carrément déserté les bancs lors du vote de la délibération. Régie publique, pour la droite, c’est un gros mot.

Jacques Moran

Tag(s) : #Environnement
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