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Politique - Article paru le 28 mars 2008 dans l'humanité

Sinistre cérémonie d’anciens OAS à l’Arc de triomphe

Extrême droite . Face aux nostalgiques de l’Algérie française, quatre-vingts contre-manifestants ont dénoncé la réhabilitation de l’organisation criminelle.

La France marche sur la tête. Voilà la réflexion qui venait à l’esprit de tout démocrate et républicain à la vue de la scène ahurissante de mercredi soir, place Charles-de-Gaulle, à Paris. Au prétexte d’honorer la mémoire des victimes de la fusillade de la rue d’Isly, le 26 mars 1962, une quarantaine d’anciens membres de l’OAS et autres nostalgiques de l’Algérie française, sous la protection des forces de l’ordre, traversent la place de l’Étoile pour raviver la flamme du souvenir sous l’Arc de triomphe et brandir leurs étendards face à la tombe du Soldat inconnu. La cérémonie constitue, dans l’esprit de ses organisateurs, d’anciens factieux regroupés au sein de l’Adimad-OAS et de l’association Souvenir du 26 mars, un pas de plus dans la réhabilitation de l’organisation criminelle. La preuve ? La présence, dans ce rassemblement, auquel les autorités ont donné leur feu vert, d’Armand Belvisi, compagnon de Jean-Bastien-Thiry, organisateur des deux attentats manqués contre le général de Gaulle. L’ancien terroriste, militant d’extrême droite, qui ne manque aucune occasion de clamer qu’il « ne regrette rien », s’offre le luxe de venir narguer les quatre-vingts contre-manifestants venus protester contre la présence, dans ce lieu symbolique de la République, de ceux qui retournèrent, hier, les armes contre elle.

Dans une ambiance tendue, les participants à ce « contre-rassemblement républicain » (1) exposent les raisons de leur colère, souvent interrompus par les invectives du camp adverse. « Le symbole que constitue la flamme du souvenir en hommage aux anonymes morts pour la France a été souillé par la présence de l’oriflamme d’une association qui regroupe d’anciens traîtres à la République. Il y a là une inversion totale des valeurs fondatrices de la nation », s’indigne Jean-Philippe Ould Aoudia, fils de l’un des six inspecteurs des centres sociaux éducatifs exécutés le 15 mars 1962 par un commando Delta de l’OAS. Jean-François Gavoury, président de l’Association pour la mémoire des victimes de l’OAS à l’origine du contre-rassemblement, fils du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, assassiné par l’OAS en 1961, fustige une « dérive insupportable des institutions de la République ».

Argument repris par Ian Brossat, président du groupe communiste au Conseil de Paris. « Autoriser un tel rassemblement est une nette provocation de la part de Nicolas Sarkozy », insiste le jeune élu. Une « provocation » qui s’inscrit dans un mouvement de fond, analysent Jean-Pierre Gonon, de France-Algérie, et Fatima Besnaci Lancou, de l’association Harkis et droits de l’homme, rappelant le scandaleux article 13 de la loi du 23 février 2005, qui ouvre le droit à l’indemnisation des anciens criminels de l’OAS. Les opposants à ce mouvement de réhabilitation craignent une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, qui s’était engagé à reconnaître la qualité de « morts pour la France » aux victimes du 26 mars 1962. « Si ce pas devait être franchi, ce serait la fin des valeurs attachées à la qualité de "mort pour la France." Je me verrais alors dans l’obligation d’engager une procédure pour que cette qualité soit ôtée à mon père », prévient Jean-François Gavoury. Dans la foule, Hakim, étudiant, observe, ébahi, les nostalgiques de la colonisation. « Sarkozy dit vouloir tourner la page de cette histoire. Mais en glorifiant le passé colonial et en réhabilitant l’OAS, il fait le contraire d’un travail de mémoire apaisée », commente le jeune homme. Le groupe d’anciens activistes de l’OAS se scinde en deux. Les uns se glissent dans un autre cortège d’anciens combattants venus raviver la flamme. Les autres se rendent à la messe donnée à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

(1) On notait la présence de représentants de l’Anpromevo, de l’Association des amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons, de la LDH, du MRAP, du Collectif anticolonial, de l’AFASPA, de l’ARAC, de France-Algérie, de Harkis et droits de l, du Comité vérité et justice pour Charonne, de l’association Au nom de la mémoire, du groupe communiste au Conseil de Paris, etc.

Lucie Martin

26 mars 2008, Paris. La République bafouée par les anciens OAS (vidéo)
 http://www.humanite.fr/26-mars-2008-Paris-la-Republique-bafouee

Tag(s) : #Politique
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