Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rupture.....


Combien de temps encore à parler politique, à calculer les voix, à supputer les transferts. Dans cette accession au pouvoir de Sarkozy, il y a un grand nombre de paradoxe. Le plus important est que , sans parler de l’électorat déjà en place au pouvoir dans la société, une masse de pauvres ont voté pour ce candidat.

Pas besoin d’être statisticien pour voir que les gens qui ont massivement voté Sarkozy sont des gens insatisfaits de l’état du monde, souvent en colère, exaspérés. Leur leitmotiv est fréquemment : " Il faut que ça cesse, que les choses changent. Il faut ne plus laisser faire, etc. "

Et paradoxalement, on peut voir que ce sont les électeurs dits de gauche qui manifestent peu de colère contre les conditions d’existence dans son ensemble mais seulement contre quelques personnalités. Il est remarquable de voir cette inversion où le candidat de la droite autoritaire est choisi par les gens en colère et celui de gauche par des gens dans l’ensemble finalement satisfaits à quelques détails près.

Sarkozy aura prononcé le bon mot, celui de " rupture ". Aucun autre candidat, ni aucune autre formation politique ne se sera risquée à parler en ces termes. Bové aura dit " insurrection électorale " et lamentablement disparu. Les organisations gauchistes sont comme toujours sur ces deux terrains : celui timide de ne pas vouloir effrayer, coincé dans un passé qu‘ils savent lourd et pesant lié au " socialisme réel ", et celui de chercher à convaincre les gens de leur conception idéologique. Même Le Pen n’emploie pas une telle expression de peur d’apparaître trop violent et brutal. Sarkozy a employé un mot qui provoque immédiatement une compréhension et une reconnaissance chez des millions de gens. Il synthétise le sentiment (les élections n’étant qu’une espèce de bref moment de permissivité émotionnelle et solitaire) largement répandu dans cette société française : les gens ne se supportent plus les uns les autres.

Le mot " rupture " est un mot que nous craignons tous d’employer comme quelque chose d’irrémédiable. On n’ose le prononcer, on attend qu’un autre le dise dans un effet libérateur des pressions de l’angoisse et de la nouveauté. Il y a dans les raisons de ce choix électoral une similitude avec ce que W. Reich en 1930 à propos de l’adhésion massive aux thèses nazies (toute proportion gardée) : " Les gens ont une formidable envie de révolution dans le même temps où ils en ont un formidable effroi " (de mémoire). Il semble que la société française soit arrivée à ce point limite de la relation collective dont la forme la plus concrète est le couple.

Nous nous sommes aimé d’une folle passion après le guerre : humanisme, protections sociales, solidarité. Puis vint la maturité : construire un monde, faire des crédits, ressentir les limites de la passion compte tenu de l’organisation sociale. Nous sommes à ce moment du couple où chaque geste de l’autre agace, devient pénible et insupportable. Mais aussi où l’on ose prononcer le mot fatal de " rupture " par ce que la vie est désormais faite ainsi...

Sarkozy a mieux compris que tous les autres candidats les tendances de l’époque. C’est essentiellement la raison de sa réussite. Que maintenant, encore une fois, les pseudos-débats se répandent sur les futures élections, les mouvements dans les appareils, les fusions de partis et autres quincailleries est du plus sinistre ridicule.

La question est définitivement ailleurs. Faire l’effort de comprendre l’esprit qui court dans cette curieuse époque et " pousser ce qui s’effondre " sans confier à d’autres la réalisation du chantier.

Dachev
mardi 8 mai 2007


Tag(s) : #Débat après le 6 mai 2007
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :