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Apprendre de Sarkozy


L’élection présidentielle est finie. Et la gauche a perdu.

Mais la gauche risque une défaite encore plus grave : après avoir perdu dans les urnes, elle pourrait bien refuser de comprendre les raisons qui l’ont conduite à la défaite, et donc de continuer sur la spirale qui demain ne pourra que reproduire les mêmes effets. Exactement comme elle l’a fait après la défaite du 21 avril 2002.

Comme disait le Général (qui en savait quelque chose), on ne fait de la politique que sur des réalités. Ségolène Royal n’a pas été battue par la " conspiration des médias " : si les médias étaient capables d’imposer un vote aux électeurs, le " oui " l’aurait emporté haut la main lors du référendum du 29 mai 2005. Ségolène Royal n’a pas été battue par une supposée " conjuration des misogynes " qui n’existe que dans l’imagination : c’est parce qu’il a attiré une plus grande proportion du vote féminin que Nicolas Sarkozy a été élu.

Non, il faut se rendre à l’évidence : Ségolène Royal a été battue parce que son discours, sa pratique et sa personnalité n’ont pas séduit les français. Fait révélateur, les enquêtes montrent que le vote Sarkozy a été un vote d’adhésion, alors que le vote Ségolène a été un vote de " moins pire ". Autre fait révélateur : la campagne de terrorisme intellectuel dans lequel la candidate s’est engagée dans la dernière semaine de la campagne. Allant même jusqu’à recourir à des bobards comme les probables " incidents violents dans les banlieues " dans l’hypothèse ou son concurrent serait élu, bobards qui rappellent étrangement son discours menaçant avec la fermeture des cantines scolaires dans sa région au cas ou le Traité constitutionnel européen serait rejeté. Ce genre de technique est en lui même un aveu de faiblesse. Un candidat qui a confiance dans la portée des idées et des valeurs implicites dans sa candidature n’a pas besoin d’agiter les épouvantails.

Nicolas Sarkozy a gagné parce que son discours, sa pratique et sa personnalité ont attiré les électeurs. C’est une réalité. Et aussi longtemps que la gauche se cherchera des prétextes pour ignorer ou pour rejeter cette réalité au lieu de la comprendre, elle n’aura aucune chance de revenir au pouvoir (si ce n’est par hasard), et encore moins de réussir une fois le pouvoir conquis. Si l’on veut comprendre la société française d’aujourd’hui, il faut chercher à comprendre pourquoi le discours, la pratique et la personnalité de Nicolas Sarkozy a attiré et enthousiasmé, et pourquoi celles de Ségolène Royal ne l’on pas fait. La diabolisation de Sarkozy ou son identification a Hitler, Mussolini, Bush ou Pol Pot (au choix) n’aideront pas à faire cette analyse.

Nicolas Sarkozy a gagné en portant un projet à lui, pas en essayant de convaincre l’électorat qu’il fallait " battre la gauche " ou conjurer on ne sait quel " péril rouge ". Il suffit de regarder avec attention ses spots de campagne ou de relire ses discours pour voir à quel point Nicolas Sarkozy a travaillé avec soin les éléments de son programme dans une perspective globale, pour ensuite consacrer sa campagne les diffuser. Et sans hésiter a les réaffirmer comme une conviction personnelle même au risque de déplaire à l’électeur (par exemple, lors des débats télévisés avec des " panels " de citoyens).

Du côté de Ségolène Royal, on a vu surtout une ligne fluctuante au gré des réactions de l’électorat (par exemple, ses voltes faces successives sur le nucléaire), l’incapacité à développer une vision globale qui aille un peu plus loin que la revendication catégorielle, et un recours permanent aux formules incantatoires quand elle ne préférait pas botter en touche en promettant " un grand débat ", la nouvelle forme du geste de Pilates.

Fabius a raison : " le drapeau de la gauche est à terre ". Et pour le relever, le premier pas à faire n’est pas de se chercher des alliances avec le centre ou des retours à la pureté originelle. Le premier pas est de CHERCHER À COMPRENDRE LE REEL. Si les forces de gauche veulent changer la réalité, ils doivent la regarder en face, et reconquérir les outils pour la comprendre.

Descartes
lundi 7 mai 2007

Tag(s) : #Débat après le 6 mai 2007
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