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PCF : "L'effort de rassemblement est incontournable"

Pierre Laurent : "L'effort de rassemblement est incontournable"

Le Secrétaire national du PCF a adressé à Béziers un message de solidarité et d'unité à l'adresse de toutes les victimes du capitalisme qui « produit le chaos et la misère pour les peuples ».

Le Secrétaire national du PCF était à Béziers samedi où il était l'invité d'honneur de la Fête des communistes biterrois. Nous l'avons rencontré à cette occasion.

La Marseillaise. La France doit-elle accueillir les réfugiés qui demandent secours aux portes de l'Europe ?

Pierre Laurent. La France doit les accueillir. Je suis comme tout le monde hanté par l'image de cet enfant. Cet enfant venait de Kobané. Il y a un peu moins d'un an, j'étais à Kobané. Je suis allé dans les camps de réfugiés où étaient ces enfants et ces familles. Quand je suis rentré, j'ai porté leur témoignage, j'ai appelé à l’entraide et à la solidarité dans une indifférence générale. Nous avons continué à porter ce message en dénonçant les logiques de guerre qui ont provoqué ces situations. Heureusement en ce moment il semble que l'émotion populaire qui a gagné l'Europe entière soit en train de faire bouger les lignes mais certains s'accrochent à des discours insoutenables. Marine Le Pen a déclaré une nouvelle fois : quand on accueille un réfugié, on envoie un signal à dix, à cent, à mille. Qu'est ce que ce discours quand il y a d'ores et déjà des centaines de milliers de réfugiés qui ont marché pour fuir la mort, pour essayer de vivre et qui sont aujourd'hui en Europe errant de pays en pays ? Notre devoir et singulièrement celui de la France est d'accueillir. Je suis triste de voir que la France qui a été un grand pays d'accueil d'immigrations successives et en a fait une richesse, est aujourd'hui un des pays les plus fermés à l'accueil de ces réfugiés.

La Marseillaise. N'est ce pas une des conséquences des idées du Front national qui progressent y compris dans les partis qui ne sont pas à l’extrême droite ?

Pierre Laurent. C'est certain que le fait que la droite ait collé et ait même couru après le discours du Front national, et le fait que le gouvernement ait pendant longtemps relayé ces idées de fermeture, a contribué à ce que la France soit aujourd'hui une des terres les plus repliées. Ces responsables politiques portent une très grave responsabilité dans une situation devenue intenable pour l'Europe entière.

La Marseillaise. Ne se sont-ils pas appuyés sur leur opinion publique ?

Pierre Laurent. Oui mais d'où vient la réaction en France et en Europe ? Arrêtons de dire que les Français et les Allemands ne veulent pas tendre la main à ces réfugiés. La réalité c'est que des responsables politiques ont verrouillé cette situation et au lieu de mobiliser notre pays pour accueillir dignement ces réfugiés, ont préféré dresser des murs : le mur -parce que c'est un mur- qu'on a construit à Calais, celui qu'on construit à Vintimille, celui qu'on construit en Hongrie.

La Marseillaise. Les situations sociales en Europe, l'austérité ne sont- elles pas aussi à l'origine des peurs des populations que l'arrivée d'autres personnes les plonge encore plus dans la détresse ?

Pierre Laurent. C'est certain que ces situations internationales conjuguées à la pression insupportable qu'on exerce contre leur pouvoir d'achat, contre leurs conditions de travail, en ne leur donnant aucun avenir, en leur disant qu'il n'y aura pas davantage d'emplois pour leurs enfants, crée une angoisse qui facilite ensuite les discours de division à l'échelle internationale. Mais ce qui saute aux yeux aujourd'hui c'est la grande communauté d'intérêts qui existe dans le monde entre toutes les victimes de ces logiques guerrières et des pressions capitalistes, les réfugiés du Moyen-Orient, les Grecs victimes des décisions de Bruxelles et nous en France, victimes des politiques d'austérité qui empêchent notre pays de se développer. C'est pour cela que nous voulons porter haut des valeurs de solidarité contre cet ordre capitaliste qui loin d'être un ordre provoque au contraire le désordre, le chaos, la faim et la misère pour beaucoup de peuples.

La Marseillaise. Comment faire quand on voit que les Grecs se sont heurtés à un mur ?

Pierre Laurent. Cela renforce plutôt en moi le sentiment d'urgence à avancer. Les obstacles sont nombreux. La violence, l'autoritarisme de ceux qui dirigent est effectivement un obstacle puissant mais je pense que des consciences de plus en plus nombreuses sont gagnées à la nécessité de changer le monde et le fait que le réveil des consciences face à la situation des migrants est un signe. Notre travail c'est d'unir ces forces plutôt que de les diviser comme le fait le Front national qui les oppose entre elles.

La Marseillaise. Unité que vous allez mettre en pratique aux élections régionales ?

Pierre Laurent. En toute circonstance et ce sera vrai aux élections régionales, notre stratégie est celle de la constitution de fronts les plus larges possibles qui donnent de la force à ceux qui veulent changer la situation. Nous devons faire primer ce qui est commun à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans les politiques d'austérité quelle que soit leur approche de la situation. Pour pouvoir faire peser des rapports de force nouveaux. Sinon ce qui progressera c'est le désespoir dont certains se repaissent pour faire avancer leurs idées néfastes. La ligne du Parti communiste est très claire. Au mois de juin nous avons dit que nous ne ferions pas de listes communes avec le Parti socialiste au premier tour dans les treize régions. Il faut d'abord commencer par rassembler le Front de gauche, et ensuite essayer de s'élargir à d'autres qui critiquent la politique gouvernementale pas toujours avec les mêmes mots que nous, mais qui peuvent faire un bout de chemin avec nous. Nous nous sommes donc adressés à d'autres forces politiques comme Europe-Écologie-Les-Verts. Ce qui compte c'est que notre démarche soit entendue par des millions de gens dont la première préoccupation n'est pas ce type d'alliance, mais qui veulent que leur voix serve à quelque chose. Sinon les gens de gauche ou ceux qui se re- connaissent dans les valeurs de gauche -même si elles sont mal-menées- risquent de s'abstenir en très grand nombre. Nous ne séparons pas le contenu des objectifs que nous voulons porter de l'ampleur du rassemblement.

La Marseillaise. Ce contenu quel est-il ?

Pierre Laurent. C'est un projet politique en rupture avec les politiques nationales. Si les listes que nous portons ont une forte influence, il faudra qu'elles se battent contre les politiques d'austérité, pour donner davantage de moyens aux communes, l'échelon le plus ancré dans la proximité, pour ne pas favoriser les logiques de métropolisation qui font courir des risques terribles d'amplification des inégalités régionales. C'est un des grands thèmes que nous allons porter dans la bataille des élections régionales. Car le risque c'est la multiplication de zones de déserts de services publics, d'emplois avec des logiques ségrégatives. Il ne faut pas laisser la droite et l'extrême droite s'emparer de ces régions car leur donner davantage de pouvoir serait un grand danger. Ceux qui prétendent au Front national ou à ses côtés comme Robert Ménard, parler au nom du peuple sont un poison de division qui mine la force collective du peuple. Pour mener ces combats notre boussole doit être le travail d'unité. Cet effort de rassemblement est incontournable.

Propos recueillis par Annie Menras (La Marseillaise, le 7 septembre 2015)

Tag(s) : #Politique
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