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Pourquoi les États-Unis tentent de reprendre la main au Proche-Orient

Lundi 29 juillet 2013

À force d’allers-retours au Proche-Orient, le secrétaire d’état américain, John Kerry, a réussi à convaincre Benyamin Netanyahou d’une reprise du processus de paix, gelé depuis 3 ans. Israéliens et Palestiniens se retrouvent à Washington ce lundi. Mais des questions se posent sur le but des Etats-Unis.

A priori, on aurait tort de ne pas se réjouir: le secrétaire d’État américain, John Kerry, a obtenu un accord pour une reprise des pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens, gelés depuis près de 3 ans! On aurait tort cependant de faire preuve d’un optimisme béat. D’abord parce que les contours de cet accord de principe restent flous. Selon le responsable états-unien, une rencontre devait réunir, à Washington, la semaine prochaine, des négociateurs israéliens et palestiniens. Mais surtout, on peut se demander pourquoi, soudainement, Washington tente de débloquer le dossier.

Echec total depuis plus de dix ans

Il est notoire que, depuis plus de 10 ans, la politique américaine au Moyen-Orient est un échec total. Il n’est qu’à considérer la situation en Irak et en Afghanistan, là où les marines, aidés de leurs alliés de l’OTAN, sont allés apporter la pax americana. Surtout, les États-Unis n’ont pratiquement plus d’influence dans la région. Le pragmatisme inhérent à la diplomatie américaine touche ses limites lorsque les peuples font intrusion sur la scène politique mondiale.

Le cas de l’Égypte est exemplaire et compte parmi les causes majeures de la précipitation actuelle de John Kerry et de son administration. Après avoir soutenu Moubarak, puis le gouvernement militaire de transition, Washington n’a éprouvé aucun problème à s’entendre avec les Frères musulmans. D’autant que ces derniers sont soutenus financièrement par le Qatar et, dans une moindre mesure, par l’Arabie saoudite. Mais le renversement populaire du président Morsi et de son gouvernement a considérablement changé la donne. L’option de « l’islam politique » que beaucoup donnaient comme inéluctable – comme si, par exemple, la France devait en passer par un pouvoir lepéniste – a été battue en brèche en Égypte, fortement contestée en Tunisie et devient dangereuse pour l’avenir de la Syrie. Sans parler des multiples ramifications liant des mouvements reconnus de cet islam politique à des groupes armés de plus en plus puissants. L’affaiblissement de cet islam politique dit « modéré » pourrait effectivement renforcer les structures djihadistes. Or, les États-Unis n’aiment pas l’instabilité politique qui mettrait en péril leur conduite des affaires et particulièrement les affaires énergétiques.

Le Hamas renforcé

D’un autre côté, les États-Unis sont sérieusement préoccupés par l’avenir d’Israël dans une région où les lignes d’affrontement ne sont plus celles d’il y a 20 ans. La montée de cet islam politique a renforcé le Hamas palestinien, politiquement et matériellement. Malgré la victoire de ce mouvement aux élections de 2006, les Occidentaux ont laissé Israël installer un blocus contre la bande de Gaza. Ce qui a placé le Hamas comme seul résistant face à l’occupant israélien, l’Autorité palestinienne, se confondant lorsque nécessaire avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), apparaissant alors au mieux comme inefficace, au pire comme collaboratrice. Aujourd’hui, les États-Unis estiment qu’il faut redonner du crédit à Mahmoud Abbas.

Le bluff de Netanyahou

John Kerry – qui a su habilement gagner le soutien de la Ligue arabe – a également dû batailler avec Tel-Aviv. Les États-Unis restent un allié indéfectible d’Israël, mais les agendas des deux pays ne correspondent pas toujours. Il a dû donc convaincre Benyamin Netanyahou de l’importance d’une annonce de reprise du processus de paix. Car tel est bien le but, montrant d’ailleurs que la résolution de la question palestinienne reste au centre de la problématique moyen-orientale.

On peut néanmoins rester circonspect. Processus de paix ne veut pas dire accord de paix. Et à ce jeu-là, Israël est roi. Selon le quotidien « Haaretz », le premier ministre israélien a consenti à la libération de centaines de prisonniers palestiniens et maintiendra, pendant les négociations, le ralentissement de la construction dans les colonies de Cisjordanie observé depuis le début de l’année, mais « il reste un grand point d’interrogation sur les intentions de Netanyahou. Si ce qui l’intéresse est seulement un processus de paix, il aura gagné quelques mois de calme avant que son bluff ne soit découvert. Mais s’il vise vraiment un accord de paix, il devra, pour la première fois, présenter des positions claires et expliquer où, selon lui, finit Israël et où commence la Palestine ». Dans les semaines qui viennent, les déclarations d’intention vont se multiplier de part et d’autre.

« L’expérience de 20 ans de négociations suffit à prouver que c’était une erreur de signer les accords d’Oslo avant un arrêt de la colonisation, le nombre de colons dans les territoires occupés étant passé depuis de 150 000 à 600 000 », fait remarquer Moustapha Barghouti, député et responsable de l’Initiative nationale palestinienne.

  • A lire aussi:

Retour à la table des négociations [1]

Fadwa Barghouti: «Depuis vingt ans, les Palestiniens rêvent de paix» [2]

Pierre Barbancey

URL source: http://www.humanite.fr/monde/pourquoi-les-etats-unis-tentent-de-reprendre-la-ma-546663

Pourquoi les États-Unis tentent de reprendre la main au Proche-Orient
Tag(s) : #Relations internationales
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