Article paru le 29 mai 2010 dans l'Humanité
Retraites Ils refusent de céder à la résignation
Ils et elles veulent croire, malgré tout, que la mobilisation permettra de mettre en échec le projet du gouvernement de remettre en cause la retraite à 60 ans. Ils et elles, ce sont les militants de base des différentes organisations syndicales qui, jeudi matin, battaient le pavé parisien de Denfert-Rochereau à la Bastille. Ainsi Marika (FSU), conseillère d’éducation dans un lycée parisien, dénonce « la formidable campagne gouvernementale pour nous faire croire qu’il n’y a pas d’autres solutions que de reculer l’âge de la retraite et d’allonger la durée de cotisation ». Pour elle, « ce rouleau compresseur pèse sur l’engagement des collègues, même si aucun n’est dupe de la volonté du pouvoir de casser cet acquis social ». Avec une plus forte mobilisation pour cette fois dans son lycée, elle considère comme Arnaud, militant CGT de l’industrie, « qu’il ne faut pas lâcher le morceau et discuter avec les salariés entreprise par entreprise, convaincre et mobiliser ». D’autant que la colère est « bien réelle dans les boîtes », sur la retraite mais aussi « sur les salaires », avec un « profond sentiment d’injustice quand l’État trouve des milliards pour les banques », ajoute-t-il. Colère que confirme Claude, infirmière à l’hôpital Cochin : « C’est une aberration de prolonger le temps de travail, surtout quand il y a déjà tant de chômage. » Elle ajoute : « Je ne vois pas comment, passé 60 ans, on pourra assurer des soins de qualité aux patients. » Si chacun se dit déterminé à amplifier la protestation et mesure le chemin qu’il reste à parcourir pour cela, tous insistent sur l’urgence d’un débat pour trouver des solutions alternatives. Et ainsi répondre à cette question qui hante Serge, postier (CFTC) : « Il y a un problème de fond, comment payer les futures retraites ? », tout autant que Grégory, enseignant (FSU) à Montreuil, qui, s’il ne peut envisager de se retrouver à soixante-cinq ans devant les élèves, avoue « on n’est pas résignés mais on ne sait pas où on va sur cette question ». Faut-il, comme le suggère Georges, technicien (Unsa), seulement « infléchir le gouvernement, ce qui sera toujours ça de gagné ? » René, salarié (CFDT) du bâtiment, prévient : « Attention, plus que du fatalisme, ce que nous voyons ce sont des interrogations sur les solutions. » Il avertit : « Les salariés ne sont pas prêts à renoncer à la retraite à 60 ans, bien au contraire. » Revient alors, chez nombre de ces militants, la question de trouver comme le disent Arnaud, René ou Serge, d’autres pistes de financement de notre système de retraite, qui frappent le capital et non plus les salariés. Tel semble être l’enjeu du débat à venir.
Max Staat