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Les sans-abri n'auront pas plus d'hébergements

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Une circulaire, que l'Humanité s'est procurée, demande aux préfets de ne pas augmenter le nombre d'hébergements d'urgence.

« Je veux que, d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir », déclarait Nicolas Sarkozy en 2006. Le constat d'échec est sans appel. Christophe Robert, directeur d'études à la Fondation Abbé-Pierre, estime à 3,5 millions, le nombre de très mal-logés, ceux qui « dorment dans la rue, dans des caravanes, des caves, des hangars ou même des voitures ».

Après l'échec, voici maintenant le renoncement. Dans une circulaire en date du 26 mai 2010, que l'Humanité s'est procurée, Benoist Apparu, secrétaire d'État chargé du Logement, et Jean-Louis Borloo, son ministre de tutelle, donnent consigne stricte aux préfets de région de ne pas ouvrir de places d'hébergement d'urgence supplémentaires. « Toute progression locale de ce parc doit être compensée par une réduction dans la région », peut-on lire sur ce document. Pour le ministère, même en Île-de-France, où la situation est la plus tendue, le parc d'hébergements aurait « atteint le niveau voulu ».

Une analyse qui ulcère Christophe Louis, le directeur de l'association les Enfants du canal. Lui évalue à 13 000, le nombre de places supplémentaires nécessaires dans cette seule région.

La perspective de stopper la progression du nombre d'hébergements d'urgence scandalise d'autant plus les associations que Benoist Apparu a entamé avec elles un chantier de refondation du dispositif placé sous le signe du « logement d'abord ». « Un simple slogan », ont estimé la semaine dernière ces associations lors d'une conférence de presse. Elles dénoncent une réforme partie pour être « sous-financée, qui ne donne pas les moyens de sortir les personnes en difficulté des structures d'urgence. Nous n'avons aucune visibilité, et aucune réponse n'est proposée aux besoins spécifiques des sans-abri ». Les associations sont d'autant plus inquiètes qu'un million de chômeurs doivent arriver en fin de droits en 2010, dont 400 000 sans revenu de remplacement. « Les mises à la rue augmentent de façon dramatique », confirme Christophe Louis.

Dans ce cadre, ce gel du dispositif d'urgence devrait avoir des conséquences dès l'hiver prochain. « En faisant cela, l'État ne se donne pas les moyens de réagir aux situations de crise, dénonce Christophe Louis. Comment savoir si l'hiver prochain ne sera pas plus dur que le précédent ? Comment décréter dès maintenant que l'on n'aura pas besoin de plus d'hébergements ? »

Mathieu Molard

Tag(s) : #Société
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