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AUX PLAINES DE VINS SUR CARAMY

 

 

 

Le 6 juin 1944, comme une trainée de poudre, tout Brignoles savait.

Un parfum de liberté était sur la ville, les alliés venaient de prendre pied en Normandie. L’occupant était toujours là, avide de crimes.

 

Dix jours après le 16 juin, la soldatesque Nazie, massacre à St Martin de Brôme, 13 jeunes de 17 à 24 ans qui rejoignaient sans arme, le maquis des Basses Alpes. 4 Brignolais : Roland BERTOLUCCI, Jean MAGAKIAN, Gabriel SIMONDI, Joseph PRESTIA, 3 du Val : Louis Bagarre, Camille HERAUD, Raphaël FABIANO, 3 de Carcès : Max MARES, Gabriel UNIA, Eugène BOTTO, 3 de Montfort sur Argent : Alexandre SAPPA, André CABASSE, Comtant FAGGINOLO.

 

Leurs corps jetés sur le bas coté de la route et cachés sous des branchages ainsi que celui d’un soldat italien qui s’est rendu sur les lieux en entendant la fusillade ; il avait rejoint la résistance.

 

Le 13 juillet, les Allemands encerclent Barjols, rassemblent la population au bas de la place Rouguière, avec leur seule carte d’identité, obligée de laisser les maisons ouvertes.

 

Un collabo désigna les personnes à arrêter, il avait travaillé aux vanneries de Barjols, il avait la haine des anti ????? Barjolais. 35 arrestations devant les familles angoissées. L’un deux demanda d’aller aux toilettes, sorti du bus, il se refugie à l’usine Fassy et alerta la résistance.

 

Les 34 sont emprisonnés à Brignoles, après un interrogatoire musclé, 30 sont relachés.

 

Le 27 juillet, de la prison de Brignoles, 10 patriotes dont les 4 de Barjols, 2 Brignolais : Sylveste VINÇON, Nicolas MARTIN, Félix PIC du Val, secrétaire du PC clandestin, 1 de Belgentier, 1 de Tourves, 1 de Cotignac….. sont amenés à Sainte Catherine, au Bessillon. Ils furent assassinés et laissés sur place.

1500 allemands, à quelques centaines de mètres de là, massacrent et mutilent 7 maquisards du camp BATTAGLIA.

 

66 ans se sont écoulés, j’ai toujours en mémoire le visage angoissé par la douleur d’Antoine CHIAPELLO, ouvrier mineur de Vins. C’est lui qui a découvert nos quatre camarades assassinés, aux plaines de Vins. Il ne pouvait contenir ses larmes en nous décrivant son horrible vision « devant la grotte il y avait les corps de Jean MAZZONE, de son fils Eugène et de Théodore LINARI et 50 mètres en contrebas, sur un rocher, celui de Louis MAZZONE, lequel dans une ultime tentative essaya de fuir les ignobles bourreaux ; c’était le 29 juillet, ce n’est que quelques jours après que j’ai su le nom de nos martyres.

 

Tout le Var  a été touché par leurs ignobles crimes comme à Aups, Signes, Saint Maximin… Ils s’ajoutent aux drames du Vercors, d’Oradour sur Glane, aux pendus de Tulle.

 

 Aujourd’hui, 65ème anniversaire du sacrifice de nos quatre camarades, c’est le 66ème rassemblement par la section Charles Gaou, la première l’a été la semaine suivant ces crimes.

 

Si d’aucun s’étonne encore qu’aux Plaines de Vins, il y a deux manifestations du souvenir le même jour, c’est qu’un homme, en quête de médaille, 45 ans après, en 1989, décida sans même y inviter le Parti Communiste Français, de faire le même jour à 10 h du matin, un dépôt de gerbe ; à notre connaissance, c’est un cas unique en France.

 

Les quatre fusillés étaient des militants du Parti Communiste Français, compagnons de lutte de Charles Gaou, un des 27 du chemin de l’honneur, immortalisé par un poignant témoignage, mis en page par Florimand BONTE.

 

Charles Gaou, mandaté par le parti avec quelques députés communistes, à assister à la séance du parlement qui déclara le Parti Communiste Français dissous ; notons que seuls deux députés socialistes dont Michel ZUNINO de La Garde ont voté contre la dissolution du PCF. Les députés communistes, arrêtés à leur sortie du parlement, traduits en justice, condamnés au procès de Riom, déportés la Maison Carrée d’Alger.

 

En juillet 1936 le stade municipal, de venu stade Raoul DELPHON, en reconnaissance aux Brignolais morts pour la France, n’a pu contenir les dizaines de milliers de personnes,  venues applaudir Maurice THOREZ ; la foule déborda sur la voie du chemin de fer et le pont du Carami.

 

Et se furent les grèves avec occupation des mines, des usines… Les gardes mobiles à cheval pourchassant les grévistes dans le vieux  Brignoles. Grévistes soutenus par les commerçants, les paysans, les soupes populaires….

 

C’était le front populaire, ce fut les droits acquis : les congés payés, la semaine de 40 heures, les augmentations de salaire.

 

Comment ne pas évoquer le souvenir de ces acteurs qui ont modifié le visage de la France, donnant le droit aux loisirs et au repos pour les travailleurs.

 

C’était Pierre PIERI, secrétaire de l’UL CGT, Clément PISANO assassiné par les gangsters marseillais venus d’Allauch, place Carami dans Brignoles libéré, les tueurs GUISIARD, Rodolphe et son frère BALDIZONE, les déportés aux camps de la mort Philippe HOURS, Henri COMBA, Antoine TORONELLI et ces résistants Andrieu RULLAN, Henri SAUVAGE, Jean LAFITTE, Jean PISANO, Claude VALLA, Joseph RAPELLO, Jean BASCHIERI, Michel HENRI, Jacques PELLEGRINO, BOUACHON, Eugène SAUVE, la liste n’est pas close.

 

Brignoles a donné à la France 37 de ses fils : 16 morts pour la France, 2 morts en déportation, 15 fusillés, 4 morts en Allemagne, ne les oublions pas !

 

Et dire que c’est aux fruits de leurs combats, sur lesquels s’acharna SARKOZY, voulant réduire à néant ces acquits sociaux. Gageons qu’il sera mis en échec par le peuple de France.

 

Charles GAOU dès son retour de déportation de la prison de Maison Carrée d’ Alger, a repris sa vie militante. En vendant l’Humanité il nous disait : « J’ai été Conseiller Municipal de Brignoles, Conseiller Général, Député et seul le poste de Maire, je n’ai pu l’acquérir ; il reste notre objectif pour servir tous ceux qui travaillent…. »

 

C’est notre camarade Claude GILARDO qui vient de concrétiser ses vœux. Il est non seulement Maire, Conseiller Général du canton de Brignoles, Président du Conseil des communes, recueillant plus de voix que ce conseil ne compte d’élus de gauche… Dans son allocution de juillet, il clama entre autres la devise de la République : Liberté, Egalité et Fraternité, et dit-il, j’ajoute Solidarité, soulignant ainsi qu’il y a 8 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté….  Et pendant ce temps ont compte en France quelques centaines de familles gagnant, « pas à la sueur de leur front », des centaines de millions d’Euros volés aux producteurs de richesses ouvriers et cadres.

 

Depuis 1945, où soit disant, la guerre est bannie de l’humanité, pas un jour sans que tombent, femmes, enfants, hommes, population misérable victime du fanatisme religieux qui cache en réalité la lutte pour le pétrole et la domination du capitalisme mondial.

 

Je laisse la conclusion à Louis MOZZONE, Loulou, mon camarade d’école, lequel dans un poème que sa maman Thérèze et sa sœur Jeannette ont trouvé quelques années après ça, caché sous la tapisserie de sa chambre :

 

Si je n’en reviens pas, êtres chers que je laisse

Vous vous consolerez, ne pensez plus à moi,

Car j’ai fait mon devoir au coté de mes frères,

Et peut-être, jamais ne verrez ma croix.

 

                                           Paul CHILA.

 

 

 

 

Tag(s) : #Histoire
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