Pour Jean-Marc Durand, économiste, membre de la section économique du PCF, la réduction des dépenses participe de la même logique que l’augmentation des prélèvements.
L’inflexion fiscale bruyamment annoncée du budget 2011 vers les hauts revenus et les entreprises est-elle au rendez-vous ?
Jean-Marc Durand. Elle n’aura pas lieu. Exception faite du passage de 40 % à 41 % du taux de la plus haute tranche du barème de l’impôt sur le revenu et d’une réduction symbolique de niches, les hauts revenus ne seront pas mis à contribution. On attendra en vain une vraie remise en cause du régime de grande faveur dont bénéficient les revenus de capitaux mobiliers. Les plus faibles, en revanche, subissent une double peine : plus de prélèvements et moins de prestations sociales et de services publics. Du déremboursement de médicaments en passant par la taxe sur les complémentaires santé et la hausse de la TVA sur les offres Internet triple play, l’essentiel des nouvelles recettes proviendra des bas et moyens revenus. Le budget 2011 poursuit avec acharnement le rationnement des dépenses publiques.
Pensez-vous qu’un tel budget est efficace pour retrouver de la croissance ?
Jean-Marc Durand. Non. En accentuant l’injustice fiscale, le projet de budget 2011 aggrave la situation économique et sociale. La soumission totale à la loi des marchés et au dogme du pacte de stabilité freine un retour encore balbutiant de la croissance et tarit les recettes des budgets publics et sociaux. Une autre politique est indispensable. Elle doit ambitionner une réforme fiscale, une nouvelle fiscalité qui ne constitue pas l’alpha et l’oméga d’une politique économique de relance mais qui soit adossée à une évolution de la politique du crédit. D’une part à un financement des services publics par la Banque centrale européenne, de l’autre à un crédit sélectif qui, en abaissant ses taux, pousse au développement de l’emploi et de la formation.